Y a pas personne, de Virginie Hue

« Cette femme pourrait être notre voisine, notre femme, notre grand-mère, notre mère… Elle a ses codes, ses rituels, ses angoisses et ses rires qui nous semblent étrangers, étranges, inconnus, incompréhensibles. Elle est malade ? Folle ? Sans doute est-elle prise en charge par des professionnels, institutions qui savent faire avec… Ils disent : “il faut rester calme. Il faut vivre avec. Il faut rassurer.” Mais nous avons peur, nous sommes impuissants, attristés peut être, interloqués, dans l’incapacité d’agir, d’entrer en relation avec elle. Ce spectacle ouvre un espace pour ressentir ce que ça nous fait de la voir elle, comment ça vibre en nous, quelles émotions, quelle peur afin d’être disponible à son désordre et de pouvoir l’accueillir. Délester ainsi un peu de sa solitude et de celle de ses tiers, une heure, une visite, une attention… L’envisager plutôt que de l’ignorer. Entrer plutôt que de rester au bord de la jetée. S’autoriser à en rire plutôt que de s’attrister… Le reste, s’il vient, viendra de surcroît. » A l’occasion du 21 septembre, pour évoquer la maladie d’Alzheimer et la perte de repères, l’association Accès à la santé pour tous de Concarneau (Finistère) a demandé à Virginie Hue, de la compagnie Filaments Théâtre, de présenter Y a pas personne, pièce coécrite avec Marie-Claire Lechat, qui en signe la mise en scène. Virginie Hue campe une femme totalement déphasée, qui vit dans sa salle de séjour où elle passe son temps à déplacer des objets. « Être seule en scène était un choix », explique la comédienne, qui a joué ce rôle une trentaine de fois dans toute la Bretagne depuis la création de la pièce en 2013, pour faire passer le message : « tout le monde est concerné ». À l’issue de la pièce, un débat a été organisé avec Xavier Fabre. Animateur à l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes Avel Ar Mor (Vent de la mer) de l’hôpital de Concarneau, il avait entrepris une traversée de l’Atlantique à la rame entre décembre 2017 et février 2018, afin d’éprouver la solitude quotidienne des malades d’Alzheimer. Sa yole était exposée devant le centre des Arts et de la culture de Concarneau le temps de la soirée.

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