Village Alzheimer
Droit des personnes malades
La première pierre du « Village Alzheimer » de Dax (Landes) a été posée. Ce nouveau lieu de vie expérimental hébergera 120 personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et ouvrira ses portes fin 2019 en pleine ville, « pour maintenir la participation des résidents à la vie sociale », explique le professeur Jean-François Dartigues, neurologue et épidémiologiste au CHU Pellegrin à Bordeaux. L’ex-ministre socialiste Henri Emmanuelli est à l’origine de ce projet, que lui avait inspiré en 2013 le modèle néerlandais de Weesp, près d’Amsterdam, et qu’il a impulsé à la tête du conseil départemental des Landes jusqu’à sa mort en 2017. Le village intègre un pôle recherche qui mènera une étude comparative avec les établissements traditionnels, de l’impact de nouvelles approches thérapeutiques sur les malades, les aidants et les soignants. De jeunes chercheurs cohabiteront au « village » avec les résidents, eux-mêmes accompagnés par une centaine de soignants et autant de bénévoles individuels ou associatifs. L’objectif est de mesurer l’impact de ces nouveaux modes de prise en charge, moins centrés sur le médicament, sur la qualité de vie du patient. Et ce, dans un environnement sans blouse blanche visible, où le patient peut renouer avec les rituels d’une vie presque ordinaire, à son rythme, à la mesure de ses capacités, et sans pression extérieure. Les initiateurs du projet, porté depuis l’origine par le Conseil départemental et l’Agence régionale de santé (ARS), souhaitaient « un cœur de village traditionnel », conçu comme une bastide typique de la région et un lieu de convivialité. « C’est donc une place carrée cernée d’arcades abritant tous les services : brasserie, salons de beauté et de coiffure, auditorium, bibliothèque-médiathèque et supérette », résume l’architecte Nathalie Grégoire. « Pas de clôture visible, une fluidité de la circulation grâce à de nombreuses voies de cheminement sécurisées, dans un grand espace végétalisé de 7 hectares, bien intégré à la vie sociale et culturelle de la ville. » Quatre « quartiers d’habitation » gérés par des « gouvernantes » hébergeront les patients, regroupés par « affinités culturelles ». Une dizaine de studios permettront d’accueillir les familles ou chercheurs de passage. Le centre devrait coûter quelque 28 millions d’euros, et prévoit un budget de fonctionnement annuel de près de 7 millions d’euros. Le prix de journée devrait être de 60 euros, équivalent à celui d’un EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) traditionnel.
www.lemonde.fr/sante/article/2018/06/03/dans-les-landes-premiere-pierre-d-un-village-alzheimer_5309028_1651302.html, 3 juin 2018.