Variations sur le modèle de Kraepelin, ou le champ sémantique des lapins en sauce, de Davide Carnevali, mis en scène par David van de Woestyne

Société inclusive

Art et culture

Date de rédaction :
24 juillet 2020

« Un huis-clos troublant sur la perte de mémoire individuelle et l’amnésie collective. Intérieur nuit. Deux hommes dans un appartement. L’un n’arrive pas à fermer l’œil. L’autre semble veiller sur lui. Les scènes se répètent, avec de légers changements. L’époque actuelle et celle de la Seconde Guerre mondiale se mélangent, jusqu’à frôler l’absurde. De manière récurrente, il est question d’un lapin, dans les conversations et dans les assiettes », écrit la Compagnie Ka. « Pour sa première mise en scène au Théâtre Mouffetard de Paris, le comédien David Van de Woestyne a choisi un texte étonnant qui décrit sur un mode onirique une relation compliquée entre un père atteint de la maladie d’Alzheimer et son fils qui le soigne. À leurs côtés, une femme médecin bienveillante, homonyme de Kraepelin, psychiatre du XIXe siècle qui identifia la démence dégénérative. Les clairs-obscurs de Yragaël Gervais et les nappes de musique électro-acoustique d’Uriel Barthélémi, plongent les personnages dans un univers mouvant et imprévisible. Sur scène, les identités se délitent – identité d’un vieil homme dont les souvenirs s’enfuient mais aussi identité d’une Europe à la mémoire chancelante. » Sous la forme d’une écriture fragmentaire, ce texte, sans début et sans fin, mimétique du désordre qu’est la maladie du père, offre des variations infinies de lectures, de possibles et d’interrogations.

« Il est toujours très difficile, dans le roman comme sur une scène, de donner à comprendre, à voir, un personnage dont la raison vacille. », écrit Armelle Héliot, du Figaro. « Emil Kraepelin est un psychiatre allemand (1856-1926) à qui l’on doit la classification d’un certain nombre de maladies mentales. Il est moins connu du grand public qu’Aloïs Alzheimer (1864-1915) qui fut son disciple et décrivit la dégénérescence neurologique qui porte son nom. » « Des scènes oniriques, envoûtantes, touchantes se développent sur le plateau. Lumières, vidéo, effets sonores, musique, jeu des micros pour les interprètes, tout est généreusement présent et très bien maîtrisé. Les trois comédiens offrent une humanité moelleuse aux différents personnages. On flotte entre plusieurs mondes : une réalité corrodée par la maladie, mais une réalité augmentée aussi par le cerveau envahi de songes du vieil homme. ». Ce texte a reçu le prix Theatertext als Hörspiel Deutschlandradio Kultur – Theatertreffen et le prix Marisa Fabbri – Prix Riccione pour le théâtre en 2009 ainsi que le prix des Journées de Lyon des auteurs de théâtre – domaine étranger – en 2012.

www.lefigaro.fr/theatre/variations-sur-le-modele-de-kraeplin-du-reve-a-l-etrange-realite-20190411, 12 avril 2019. www.lemouffetard.com/spectacle/variations-sur-le-mod%C3%A8le-de-kraepelin, 19 avril 2019.  Carnevali D. Variations sur le modèle de Kraepelin, ou le champ sémantique des lapins en sauce. Traduit de l’italien par Caroline Michel. Paris : Actes Sud. Janvier 2013. 64 p. ISBN 978-2-330-01434-6. www.actes-sud.fr/node/43709.