Une résidence Alzheimer en Thaïlande pour Suisses allemands
Société inclusive
La ville thaïlandaise de Chiang Mai est célèbre pour ses centaines de temples bouddhistes et ses montagnes luxuriantes. Profitant d’un climat doux (entre 14 et 37°C) et de bonnes infrastructures, elle séduit un nombre croissant de retraités dont des Suisses. L’établissement Baan Kamlangchay, qui accueille uniquement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, propose un accompagnement personnalisé 24 heures sur 24, prodigué par des aides-soignants thaïlandais, dont le respect et l’affection envers les personnes âgées sont particulièrement marqués, pour des raisons à la fois culturelles et religieuses. Le documentaire Mother, de la radio-télévision suisse, montre le quotidien de Pomm (Chutimon Sonsirichai), aide-soignante totalement dévouée pour ses résidentes suisses qu’elle considère comme des mères. Elle ne connaît que quelques mots de suisse-allemand et parle en anglais. Mais lorsque la maladie d’Alzheimer en est à un stade avancé, la langue compte finalement assez peu, explique la journaliste Caroline Briner, de RTS. La communication se fait essentiellement par les gestes, l’expression faciale et le ton de la voix. Les malades parlent rarement et ne pas les comprendre peut permettre de ne pas raisonner avec la logique habituelle, expliquent les spécialistes. Se définissant comme une Groβfamilie (famille élargie), Baan Kamlangchav a été créé par le Bernois Martin Woodtli, un assistant social qui a œuvré pour Médecins sans Frontières pendant 4 ans à Chiang Mai où il a appris le thaï. En 2002, devant s’occuper de sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer, il décide d’émigrer avec elle en Thaïlande. Fort de son expérience positive avec le personnel soignant local, il ouvre son propre centre de soins un an plus tard à Chiang Mai. L’établissement est composé de plusieurs maisonnettes et d’une piscine. Chaque résident a sa propre chambre. Actuellement, le centre compte une dizaine d’« hôtes », essentiellement des Suisses. Certains y sont en vacances, d’autres en fin de vie. Les proches peuvent séjourner à leurs côtés durant plusieurs semaines. Généralement, ils viennent au moins une fois par an, s’ils ne se sont pas établis dans le pays. Les Thaïlandais eux-mêmes ne peuvent guère s’offrir ce type de prise en charge. L’aide-soignante Pomm, contrainte de vivre loin de ses enfants pour travailler, souligne : « cela me fait réaliser les grandes différences entre les riches et les pauvres. Ils ont de la chance. Ils ont assez d’argent pour se payer toute cette assistance. Si un jour je deviens comme ça, qui prendra soin de moi ? »
www.rts.ch/info/suisse/11327206-ces-centres-de-soins-thailandais-pour-suisses-atteints-d-alzheimer.html, 17 mai 2020.