Un diagnostic précoce centré sur le patient : pourquoi ?

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Date de rédaction :
02 juin 2020

Pour le Pr Pierre Krolak-Salmon, neurologue et gériatre, enseignant chercheur à l’Université Claude Bernard Lyon 1 et responsable du centre mémoire de ressources et de recherche (CMRR) de Lyon, le premier intérêt d’un est d’écarter des diagnostics différentiels curables, notamment un syndrome confusionnel, une dépression ou les complications d’un traitement médicamenteux. Si le diagnostic est confirmé, il y a des bénéfices pour le patient qui peut établir ses directives anticipées ; on peut prévenir des risques d’accident de la route ou de spoliation. On peut permettre au patient d’accéder à la recherche, et à la société de développer ses recherches, soit de type épidémiologique sur l’histoire naturelle de la maladie, soit pour prévenir la survenue d’une démence. Si le diagnostic n’est pas confirmé, on peut rassurer le patient et c’est important aussi. Beaucoup de troubles sont potentiellement réversibles. Il n’y a pas de traitement curatif. Il y a bien des traitements symptomatiques qu’on peut utiliser dans la maladie d’Alzheimer à la phase de troubles cognitifs majeurs, mais dans les stades légers aucun traitement médicamenteux n’a aujourd’hui d’indication. Il y a des risques de sur-diagnostic, avec une part d’incertitude qui peut conduire à étiqueter faussement un patient avec un diagnostic incertain. L’annonce du diagnostic de maladie d’Alzheimer est génératrice d’anxiété pour le patient, voire de dépression, et il y a même eu des cas de suicide. De façon beaucoup plus fréquente, il existe un risque de stigmatisation et on peut imaginer qu’un patient à qui on donne un diagnostic de troubles cognitifs, même légers, se retrouvera dans l’impossibilité d’emprunter ou de bénéficier d’une assurance.

Ministère des Solidarités et de la Santé. Plan national maladies neurodégénératives 2014-2019. Maladies neuro-dégénératives : du droit au diagnostic à l’annonce du diagnostic. Les actes de la journée du 17 janvier 2018. Mars 2018. www.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/du_droit_au_diagnostic_a_l_annonce_du_diagnostic.pdf (texte intégral).