Troubles du comportement : les causes sont avant tout environnementales

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
02 juin 2020

Dans les établissements et services accueillant des personnes âgées, les équipes peuvent être déstabilisées par les comportements violents de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Dans un entretien à Direction(s), Christophe Reintjens, neuropsychologue et responsable adjoint des activités de formation de la Fondation Médéric Alzheimer, rappelle que les causes sont avant tout environnementales. Certaines pathologies neurodégénératives, comme la démence fronto-temporale, sont susceptibles de favoriser des comportements agressifs à cause des lésions frontales qu’elles impliquent. En revanche, dans le cas de la maladie d’Alzheimer, les actes violents (injures, menaces, cris, coups) sont minoritaires. Parmi les causes, il y a la personnalité antérieure de l’individu, ainsi que les atteintes neurologiques, qui abaissent le seuil de déclenchement d’une réponse colérique ou agressive. Mais les facteurs sont d’abord externes. Il s’agit de la non-reconnaissance de l’environnement immédiat (« où suis-je ? ») ou de l’incompréhension face aux demandes de cet environnement. « Imaginez que vous vous réveilliez dans un lit, sans savoir comment vous y êtes arrivé. Quelqu’un entre alors pour faire votre toilette. Vous risquez de vous opposer, voire de devenir violent. Par ailleurs, la mémoire épisodique (les détails conscients de ce que nous vivons) est très atteinte par la maladie d’Alzheimer, mais la mémoire émotionnelle beaucoup moins. Si un usager est malmené tous les jours par une dame blonde habillée en blanc, il ne se souviendra pas de qui est cette dame, mais parfaitement du fait qu’il faut s’en méfier. Ce qui peut installer une agressivité chronique. Contrairement à de nombreux pays, comme les Pays-Bas, la Belgique, le Canada ou même les Etats-Unis, on commence à peine à se rendre compte en France que le contexte institutionnel est particulièrement délétère pour ces personnes, et qu’il génère lui-même une bonne part des troubles du comportement. »

Direction(s), mars 2018.