Troubles du comportement : inaccessibles aux psychanalystes ?
Recherche
Approches psychosociales
La démence et la psyché sont deux composantes réputées inconciliables d’un objet complexe, écrit Michèle Grosclaude, psychologue à Ostwald (Bas-Rhin), « Dépourvus de mystère et d’intérêt, réputés inabordables, obstruant la relation et la parole dans une évolution négative inexorable, les troubles du comportement invalident les bonnes intentions d’un tiers découragé par leur inanité [ce qui est vide, sans réalité, sans intérêt]. Ils suscitent plus de questions sur les stratégies pour les réduire, avec la priorité de soulager l’entourage soignant et familial de leur “fardeau” et de calmer les patients, que sur leurs éventuels sens, complexité psychique ou incidences thérapeutiques » La parole des personnes malades faisant défaut, ces « patients énigmatiques » sont réduits à leurs troubles, laissés pour compte du soin psychique ». La psychanalyste souligne « l’aggravation du clivage » entre des approches cognitivo-comportementales centrées sur la dimension instrumentale déficitaire, et d’autres approches psychopathologiques, psychodynamiques et psychanalytiques. Pour Michèle Grosclaude, la vie psychique du sujet n’est pas effacée par les troubles du comportement : ceux-ci sont des productions subjectives d’expression somatique et corporelle et ont une fonction de préservation de l’identité. « Ils constituent des îlots de résidence psychique du sujet, potentielles plateformes relationnelles avec l’autre : lieux de repli, d’agrippement, déliés, refus de soin, cri, errance, susceptibles d’être porteurs d’existence et de sens ». Par ailleurs, des troubles qui ne dérangent pas, comme la passivité, la soumission, le repli, constituent pour la psychologue « des manifestations pourtant trompeuses, inquiétantes voire pathologiques. »
Grosclaude M. Les troubles du comportement démentiel à l’épreuve de la psyché. Neurol Psychiatr Gériatr 2019; 19 : 56-60. Mars 2019. www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1627483019300273.