Troubles de la déglutition en établissement

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
21 décembre 2013

L’asphyxie par obstruction et la dénutrition constituent des craintes majeures pour les personnels. Pourtant, la complication la plus fréquente des fausses routes, l’infection pulmonaire, est très souvent sous-estimée, rappellent Xavier Cormary et Yann Tannou, orthophonistes. La pneumopathie d’inhalation représente 13% à 48% des infections en maison de retraite et constitue la deuxième cause d’infection nosocomiale après les infections urinaires. La mortalité des pneumopathies d’inhalation est de l’ordre de 3% à 5%. « Les mesures contre les troubles de la déglutition sont souvent prises arbitrairement, voire de manière inappropriée par des équipes trop centrées sur la seule prise alimentaire. Face au premier signe d’alerte, la toux, la réponse est indifférenciée : la prescription de repas en texture mixée accompagnée d’eau épaissie ou gélifiée. Pourtant, ce principe de précaution mis en œuvre de façon quasi automatique présente des limites majeures : la toux n’est d’abord pas le meilleur signe clinique de la fonction de déglutition. Se fixer sur cette seule alerte fait courir le risque de passer à côté des fausses routes dites silencieuses, c’est-à-dire sans déclenchement du réflexe de toux. Par ailleurs, l’alimentation modifiée et ce, malgré les efforts des équipes de restauration, reste globalement une alimentation peu attractive et lassante qui peut favoriser la dénutrition. Dans neuf cas sur dix, cette alimentation est trop simplifiée en regard de l’efficacité réelle de la déglutition des résidents qui en bénéficient (Groher et al). Quant à l’eau épaissie, elle favorise la déshydratation sans garantir qu’elle réduise l’incidence des pneumopathies d’inhalation (Robbins et al, 2008). Les trois premiers facteurs de risque de développer une pneumopathie d’inhalation sont la dépendance pour manger (41%), la dépendance pour les soins de bouche (40%) et le nombre de dents abîmées (34%) (Langmore et al). » « Pour sortir des repas “tout-mixé/tout épaissi” à l’efficacité discutable et discutée, il faut changer la culture des personnels », en formant les équipes et en mettant en place une cellule de veille pour identifier les personnes à risque de troubles de la déglutition.

Mensuel des maisons de retraite, décembre 2013. Groher ME et McKaig TN. Dysphagia and dietary levels in skilled nursing facilities. J Am Geriatr Soc 1995 ; 43(5) : 528-532. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/7730535. Robbins J et al. Comparison of 2 interventions for liquid aspiration on pneumonia incidence: a randomized trial. Ann Intern Med 2008 ; 148(7) : 509-518. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18378947. Langmore SE et al. Predictors of aspiration pneumonia: how important is dysphagia? Dysphagia 1998; 13(2): 69-81. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9513300.