Troubles cognitifs : origine iatrogène (1)
Échos d'ailleurs
Un séjour en unité de soins intensifs, où l’on pratique une sédation forte et prolongée, peut déclencher ou exacerber un délire, un état temporaire du cerveau, parfois accompagné d’hallucinations et qui est associé non seulement à un risque de mortalité ou de démence accru, mais de perte musculaire et osseuse, source de dépendance physique, rendant la réhabilitation difficile. Il existe des résistances au changement chez les professionnels : il est plus facile de s’occuper de patients sous sédatifs que de les réveiller, les faire marcher dans le couloir et les questionner sur leur niveau de douleur ou de confusion. Dale Needham, spécialiste de soins intensifs à l’Université Johns Hopkins de Baltimore (Maryland, Etats-Unis), explique qu’il lui a fallu plusieurs années pour changer la culture professionnelle : « tant pour les médecins que pour les infirmières, nos professeurs nous avaient appris que nous devions offrir à nos patients une amnésie de leur séjour en soins intensifs. En fait, nous leur donnons des souvenirs délirants (delusional memories), des hallucinations et des incapacités durables. Cinq millions d’Américains passent au moins un jour par an en unité de soins intensifs, et 80% à 90% survivent. L’Université Vanderbilt de Nashville (Tennessee), en collaboration avec le Cognitive Impairment Study Group, publie des protocoles de prise en charge qui feront l’objet de recommandations scientifiques (Society of Critical Medicine). Malaz Boustani, du centre de recherche sur le vieillissement de l’Université d’Indiana (Indianapolis, Etats-Unis), ouvrira cet été une clinique pour les patients sortant d’unité de soins intensifs, qui mettra en place une réhabilitation cognitive et fonctionnelle.
www.icudelirium.org/overview.html, Wall Street Journal, 15 février 2011.