Troubles cognitifs : le cerveau et le genre

Recherche

Date de rédaction :
20 août 2020

Environ deux tiers des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sont des femmes. Jusqu’à présent, l’explication était simple : l’âge étant le premier facteur de risque de la maladie, et les femmes vivant plus longtemps que les hommes, il était normal de trouver davantage de femmes atteintes de la maladie que d’hommes à un âge avancé. La Société pour la santé des femmes (Washington, Etats-Unis), un réseau interdisciplinaire de recherche sur la maladie d’Alzheimer, alerte : « l’exclusion du sexe et du genre a entravé un avancement rapide de la détection, du traitement et de l’accompagnement tout au long du spectre clinique de la maladie » (Nebel RA et al). En effet, des différences neuro-anatomiques et fonctionnelles liées au sexe, et non plus seulement liées à l’âge, commencent à émerger. Pour la première fois, une analyse par sexe des facteurs de risque a été réalisée, sous l’impulsion de deux groupes experts internationaux : le Womens’ Brain Project et l’Initiative pour une médecine de précision (Ferretti MT et al). Les facteurs de risque pour la maladie d’Alzheimer sont beaucoup plus nombreux chez les femmes que chez les hommes, allant de la dépression à la chute du taux d’œstrogènes après la ménopause en passant par des complications liées à la grossesse ou le nombre d’enfants. Les symptômes cognitifs et psychiatriques sont différents chez les hommes et les femmes. Le déclin cognitif est plus rapide chez les femmes après un diagnostic de déficit cognitif léger ou de démence de type Alzheimer. Les niveaux de protéine amyloïde observables en imagerie cérébrale ou dans le liquide céphalo-rachidien ne diffèrent pas selon le sexe. La sévérité et les formes d’atrophie cérébrale diffèrent selon le sexe lorsque la maladie progresse ; dans le cas du déficit cognitif léger, l’atrophie cérébrale est plus rapide chez les femmes que chez les hommes. La prévalence et les effets des facteurs de risque cérébrovasculaires, métaboliques et socio-économiques sont différents chez les hommes et chez les femmes. En ce qui concerne les médicaments, aucune donnée n’est disponible quant aux différences d’efficacité et de sécurité entre les hommes et les femmes dans les essais de phase 3 (à grande échelle, chez l’homme) récemment terminés. Pour les auteurs, l’étude systématique des différences liées au sexe et au genre dans les symptômes de la maladie, les biomarqueurs, la progression, les facteurs de risque et les réponses aux traitements, sera cruciale pour le développement et la mise en œuvre d’une médecine de précision dans la maladie d’Alzheimer.

http://womensbrainproject.com/wp-content/uploads/2017/05/White-Paper-WBP.pdf, 19 juillet 2018. Ferretti MT et al. Sex differences in Alzheimer disease – the gateway to precision medicine. Nat Rev, 9 juillet 2018.  www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29985474. Nebel RA et al. Understanding the impact of sex and gender in Alzheimer’s disease: A call to action.  Alzheimers Dement, 12 juin 2018. www.alzheimersanddementia.com/article/S1552-5260(18)30130-4/pdf. Jang H et al. Differential effects of completed and incomplete pregnancies on the risk of Alzheimer disease. Neurology, 18 juillet 2018. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30021919. Tao Y et al. Sex Differences in the Neuropsychiatric Symptoms of Patients With Alzheimer’s Disease. Am J Alzheimers Dis Other Demen, 3 juillet 2018. http://alzheimer-recherche.org/wp-content/uploads/2018/07/CP_La_me%CC%81decine_de_pre%CC%81cision1.pdf, 9 juillet 2018. www.marieclaire.fr/alzheimer-causes-femmes,1275075.asp, 18 juillet 2018. www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/26341-Alzheimer-femmes-sont-elles-exposees-les-hommes, 17 juillet 2018.