Thérapie non médicamenteuse personnalisée : de quoi parle-t-on ?
Droit des personnes malades
Gérontopsychiatre et directeur de l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) Le Domaine de la Source à Roquefort-La-Bedoule (Bouches-du-Rhône), Thierry Bautrant met en œuvre une thérapie non médicamenteuse personnalisée dans son établissement. Toute l’équipe (aides-soignants, ergothérapeute, psychomotricien, psychologue, médecin coordonnateur, infirmières, infirmière coordinatrice) se réunit le jeudi matin durant une heure dans le pôle d’activités et de soins adaptés (PASA) et relève le ou les troubles du comportement de chaque résident (cris, opposition…) qui révèlent un problème. L’équipe élimine une cause organique ou un élément environnemental évident. Ce trouble est mis en lien avec le symptôme psychiatrique sous-jacent (anxiété, dépression). Ensemble, l’équipe détaille la personnalité du résident, ses goûts et ses affinités à travers son projet de vie individuel, puis évalue ses capacités restantes grâce à la technique Montessori. A la suite de cette réunion seront mises en œuvre une ou plusieurs thérapies non médicamenteuses qui seront spécialement adaptées à ce résident. Un début et une fin de traitement bien délimités dans le temps doivent être toujours déterminés à l’avance. Ceci permet d’éviter l’épuisement du résident et des soignants. Par ailleurs, précise Thierry Bautrant, une thérapie pourra être efficace à un instant donné mais beaucoup moins quelques mois plus tard en cas de déclin cognitif du résident. Le premier critère d’efficacité, subjectif, sera le retour positif des équipes soignantes sur l’évolution des troubles. Le deuxième critère, plus objectif, sera la mesure des troubles du comportement à l’aide d’échelles validées (NPI-ES [inventaire neuropsychiatrique-équipe soignante], inventaire de l’apathie, GDS (échelle gériatrique de dépression), échelle de Hamilton pour l’évaluation de l’anxiété, échelle de Cohen-Mansfield pour l’évaluation des états d’agitation) ou du fardeau de l’aidant (score de Zarit). Le médecin coordonnateur a un rôle important d’animateur des réunions et de formateur, souvent avec l’aide de la psychologue qui participe au projet personnalisé en déterminant les capacités restantes et les déficits physiques ou psychologiques du résident ; ils évaluent l’efficacité des thérapies non médicamenteuses mises en place.
Le Journal du médecin coordonnateur, mai-juin 2018.