The Father, de Florian Zeller

Société inclusive

Date de rédaction :
09 juin 2021

A travers le portrait d’un homme vieillissant, Florian Zeller réalise un film d’horreur psychologique angoissant, qui vient de recevoir deux Oscars mérités, écrit Adrien Gombeaud, des Echos. Le film a eu un destin tortueux. Auteur dramatique à succès, Florian Zeller porte à l’écran Le Père, sa septième pièce de théâtre créée à Paris en 2012 avec Robert Hirsch. Trois ans plus tard, Philippe Le Guay était parti de ce texte pour offrir à Jean Rochefort son dernier rôle dans Floride. Produit en France, le premier long-métrage de Zeller, tourné à Londres, s’appuie quant à lui sur la version anglaise de sa pièce, adaptée par Christopher Hampton. « Vieil homme élégant, Anthony perd la mémoire. Une à une, il a épuisé les aides à domicile que sa famille lui proposait. Quand sa fille lui annonce qu’elle part refaire sa vie à Paris, son dernier lien avec le temps présent se brise. Désormais Anthony ne pourra vraisemblablement plus rester chez lui… mais était-il vraiment dans son appartement ? La mise en scène astucieuse traduit toute la confusion du personnage. Autour d’Anthony, doucement, le décor s’effrite. Des tableaux que l’on aimait disparaissent, des portes s’ouvrent sur des espaces inconnus ou des visiteurs dont l’identité s’est égarée. D’où ce sentiment d’observer un puzzle dont les pièces se détachent une à une. Cruauté des maladies dégénératives : en marchant sur un chemin sans retour, Anthony ne voit que la nuit noire lorsqu’il regarde en arrière. Devant lui, s’ouvre un couloir sans fin. » The Father a reçu l’oscar du meilleur scénario adapté et celui du meilleur interprète. « L’un complète l’autre, tant Anthony Hopkins offre à ce texte un levier puissant. Le comédien gallois ne fait pas qu’endosser un rôle qui porte son prénom, il se l’approprie. Il y a peu de chances qu’un autre puisse après lui camper ce personnage sans éviter son ombre. »

Les Echos, 26 mai 2021.