The African Witchfinder, de Mally Graveson et Toby Trueman (2)
Société inclusive
L’équipe de tournage est accompagnée de Sharah Kay Johnson, qui écrit des récits de voyage. Elle écrit sur son blog : « dans chaque famille, il y a soit un sorcier (qui est supposé responsable du meurtre d’autres membres de la famille) soit quelqu’un qui a été ensorcelé (qui est mort, qui a été blessé ou malade). La plupart des gens nous ont dit que la vie était faite ainsi : chaque famille a un sorcier. La mort naturelle n’existe pas dans cette culture. Chaque mort est le résultat d’un ensorcellement dans la famille de la personne décédée. Même si vous avez cent-cinq ans et que vous finissez par mourir, c’est parce que quelqu’un vous a jeté un sort. Mais il sera peu probable que vous atteigniez cet âge : chacun se demandera pourquoi vous êtes toujours vivant alors que tous les autres meurent autour de vous. Vous finirez sans aucun doute suspect d’être un sorcier vous-même et vous serez tué pour cela d’une façon plutôt violente et ritualisée, avec un certain type de hache ou un pilon à maïs. » La journaliste estime qu’ « il n’y a aucun moyen de combattre cette culture de sorcellerie, ni de convaincre les personnes que cela n’est pas vrai, afin de protéger les personnes atteintes de démence ou de maladie mentale. Nous devons travailler avec les populations locales en utilisant la terminologie et la culture de la sorcellerie. Faire autrement serait totalement vain. » Les meilleures stratégies envisagées sont d’abord de construire des villages d’accompagnement de la démence, un endroit où les personnes malades peuvent être prises en charge près de chez elles, « non pas comme dans une cellule aux murs de ciment comme à Windhoek (capitale de la Namibie), mais dans une hutte familière. Ainsi, la collectivité prendrait la responsabilité de ces personnes et pourrait apprendre à les accepter, plutôt qu’à les ostraciser ou à les assassiner. On s’occuperait d’eux comme des personnes atteintes de démence, et elles seraient physiquement protégées de ceux qui pensent qu’elles sont des sorciers. » La formation des aidants est évidemment indispensable. Il faut ensuite éduquer les villageois par des pairs : « ils n’accepteraient pas que des hommes blancs viennent leur dire que ces symptômes de la démence sont une maladie biologique. Ils probablement bien davantage disposés à entendre l’un des leurs témoigner que c’est bien le cas. » Pour cela, il faut recruter des « champions », capables de conter le récit de personnes qui ont été libérées de cette stigmatisation d’ensorcellement. Cela créerait une atmosphère « éclairée ». Plusieurs personnes ont déjà exprimé à Berrie Holtzhausen leur intérêt de devenir ces « champions » porte-parole.