Survivre, échoué sur une île

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
29 mai 2020

Véronique Lefebvre des Noëttes tente un parallèle entre Robinson Crusoé et les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer : arrachées de chez elles dans la tempête de leurs esprits brouillés par la maladie, elles ressentent, comme Robinson l’étrangeté de l’île, l’étrangeté de leurs nouveaux lieux d’habitation (EHPAD, hôpital…), des espaces inconnus qu’il faut déchiffrer et défricher, qu’il faut repérer, nommer, en dressant des cartes, si on ne veut pas s’y perdre et y perdre son existence en même temps que son identité. C’est ensuite l’écroulement du temps qui, chez Robinson et chez les personnes malades, entraîne la disparition des repères qui conduit à l’indifférenciation mortifère ; il faudra vite construire une clepsydre, établir un calendrier : sans repères temporels, c’est la possibilité de l’histoire narrative personnelle qui disparaît. C’est la découverte de l’Autre, qui s’invite dans leur monde. C’est aussi l’étrangeté à soi-même : quand Robinson ose enfin se regarder dans un miroir retrouvé dans l’épave, il se reconnaît à peine. C’est l’arrivée de Vendredi, l’Autre, qui ramènera Robinson à la vie et lui permettra de se reconstruire une identité.

Lefebvre des Noëttes V. Points de vue éthiques du « vivre ensemble » avec les malades Alzheimer âgés. Neurol Psychiatr Gériatr 2019 ; 19 : 256-252. Octobre 2019. www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1627483019301023.