Spiritualité : quelle place dans les soins ?
Interventions non médicamenteuses
« la proximité de la rencontre – dans l’intimité d’une relation qui intervient souvent dans le contexte de l’urgence d’agir ou du constat de l’impuissance à épargner l’autre de ce qui menace son existence et le fait souffrir – est d’une essence si étrange et particulière qu’encore aujourd’hui des traditions lui confèrent une dimension spirituelle », écrit Emmanuel Hirsch, directeur de l’Espace éthique de la Région Ile-de-France, qui a organisé une journée thématique intitulée « Quelle place pour la spiritualité dans les soins ? », « La spiritualité est devenue, dans nos sociétés sécularisées, un espace que chacun se donne le droit de circonscrire en fonction de sa propre sensibilité : plus besoin d’appartenir nécessairement à une tradition religieuse particulière, de dépendre d’une communauté de foi, de suivre des règles préétablies. La spiritualité évoque des réalités tout aussi variées que la recherche d’un sens à la vie ; l’intériorité indicible de l’homme sur laquelle éclot la dignité humaine ; la poursuite d’un idéal que l’on tente de mettre en pratique ». La journée était animée par Nicolas Pujol, psychologue clinicien en soins palliatifs, docteur en éthique médicale et en sciences des religions, chargé d’enseignement et de recherche à l’Université catholique de Lille, et Etienne Rochat, théologien et accompagnant spirituel au CHU de Lausanne (Suisse), responsable de la plateforme Médecine, spiritualité, soins et société, Pour ces chercheurs, « en raison de sa grande malléabilité, la question spirituelle est devenue, depuis une petite vingtaine d’années, une source d’intérêt croissant pour le monde médical. Prendre soin, ce serait être attentif aux patients dans leur globalité, incluant leur dimension spirituelle. Les professionnels du soin sont ainsi invités à intégrer la spiritualité dans leurs pratiques, questionnant de fait la place et le rôle des services d’aumônerie. En Amérique du Nord, ces derniers ont laissé la place à des départements de soin spirituel dont les spécialistes – des intervenants en soins spirituels – font partie intégrante de l’équipe médicale. Attentifs au respect des besoins spirituels, ils évaluent la souffrance spirituelle et visent le bien-être spirituel. Cette médicalisation doit nous rendre attentif au pouvoir normatif de la médecine qui contribue à découper le réel en “normal”, “pathologique”, “patients”, “soignants”, “traitements”. »
www.espace-ethique.org/actualites/journ%C3%A9e-th%C3%A9matique-quelle-place-pour-la-spiritualit%C3%A9-dans-les-soins, 24 novembre 2016. www.agevillagepro.com, 28 novembre 2016.