Spiritualité
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Approches psychosociales
« Dans un contexte de rétrécissement du champ des possibles, de limitation des actions et des perspectives, de contraintes imposées de façon cumulative, préserver sa capacité d’ouverture au monde et à l’autre est essentiel », écrivent Kathleen Lalu, psychologue clinicienne à l’EHPAD La Provenche à Saint-Jorioz et à l’EHPAD Joseph Avet à Thônes (Haute-Savoie), et Pascale Roux, gériatre du centre hospitalier de Béziers (Hérault). Pour optimiser les ressources et les compétences émotionnelles, sociales et spirituelles de la personne dépendante atteinte de troubles cognitifs, la reconnaissance de ses désirs de sens (crise de sens de la vie, crise existentielle) vise l’amélioration de la qualité de vie et de son bien-être. De quoi parle-t-on ? Selon Baruch Spinoza (1632-1677), la spiritualité serait ce qui nous fait s’éprouver vivant, ce qui augmente la joie de vivre et donne du sel à la vie. La spiritualité peut être aussi rapprochée du concept du noûs de Platon (427-347 av. J.-C.), en tant que cette partie de l’être qui permet la prise de conscience d’états d’âme, la perception de l’interdépendance, la transcendance d’évènements tragiques, l’expérience narrative (raconter et se raconter, où se dit le sens de sa vie et de ses valeurs, et la capacité à se déterminer selon son identité. Pour les auteurs, « le regard technique que la société porte sur son système de santé nous limite dans l’approche thérapeutique non médicamenteuse des déficiences psychiques. Reconnecter la personne atteinte de troubles cognitifs avec la voie spirituelle singulière qu’elle s’était tracée lorsqu’elle était en bonne santé peut avoir un impact sur l’évolution de la maladie et de son vécu. » La question de la spiritualité peut se poser quotidiennement, et n’est pas réservée au temps limité de la fin de vie et de la célébration religieuse, auxquels elle peut parfois être réduite. Certains événements invitent à évoquer la question de la spiritualité : l’entrée dans l’établissement, où la qualité des échanges de la personne avec son environnement est primordiale ; les épisodes de vie troublés par des nuits agitées ou par troubles du comportement ; les moments de stress signifiés par un souffle qui traduit un mal-être ; les moments où les soignants se laissent surprendre par une action du résident qu’ils n’attendaient pas.
Lalu K et Roux P. Le médecin coordonnateur, le psychologue d’EHPAD et la spiritualité. Rev Gériatr 2018 ; 43 : 417-420. Septembre 2018. www.revuedegeriatrie.fr.