Sommeil perturbé : un facteur de risque ?
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Des perturbations du sommeil pourraient constituer un facteur de risque important de survenue de la maladie d’Alzheimer. Une privation de sommeil étant associée à une mauvaise connexion entre neurones, elle impacterait directement les fonctions cognitives. Déceler les troubles du sommeil chez les personnes âgées permettra-t-il de détecter précocement la maladie ? C’est la question que se pose l’équipe de Gwenaëlle Catheline, de l’Institut de neurosciences cognitives et intégratives de Bordeaux. Certaines phases du sommeil sont cruciales pour l’élimination du peptide bêta-amyloïde du cerveau. Les chercheurs souhaitent caractériser les processus d’élimination en suivant, pendant plusieurs années, l’évolution des modifications des structures cérébrales en fonction de la qualité de sommeil chez l’homme.
Aux Etats-Unis, Ehsan Shokri Kojori et ses collègues, du laboratoire de neuroimagerie de l’Institut national de l’addiction alcoolique à Bethesda (Maryland), a coordonné une étude pilote auprès de 20 volontaires sains, sans antécédents de troubles cérébraux, qui ont passé deux nuits en laboratoire dont une où ils n’ont pas fermé l’œil. Les personnes privées de sommeil pendant une nuit manifestent une augmentation immédiate et significative de plaques amyloïdes dans le cerveau. Ces dépôts sont observés dans l’hippocampe et le thalamus, des zones impliquées dans la mémorisation et la transmission des informations sensorielles au cerveau. Sans pour autant établir un lien de cause à effet entre la dette de sommeil et la maladie d’Alzheimer, les chercheurs émettent deux hypothèses pour expliquer ce phénomène. Quand les gens ne dorment pas, leurs neurones meurent, « ce qui mène potentiellement à une formation de plaques amyloïdes ». Deuxièmement, le sommeil facilite le déplacement des déchets du cerveau, incluant ces dépôts, « car les neurones diminuent de taille en dormant, créant de l’espace entre les cellules permettant de dégager les toxines. » L’étude ne dit pas en revanche si une bonne nuit de sommeil peut inverser les effets néfastes de l’insomnie. D’autres recherches évalueront ce cas de figure.
www.francealzheimer.org/troubles-sommeil-facteur-de-risque/, 14 mars 2018. www.ladepeche.fr/article/2018/04/10/2777448-alzheimer-seule-nuit-blanche-suffit-causer-degats-cerebraux.html, 10 avril 2018. Shokri-Kojori E et al. β-Amyloid accumulation in the human brain after one night of sleep deprivation. Proc Natl Acad Sci USA, 9 avril 2018. www.pnas.org/content/pnas/early/2018/03/29/1721694115.full.pdf (texte intégral).