Sommeil et Alzheimer : changer d’approche (1)

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
15 février 2013

« Les personnes âgées résidant en EHPAD qui présentent une maladie d’Alzheimer ou une démence apparentée souffrent de difficultés à l’endormissement et de troubles du sommeil. Trouver une réponse adaptée à cette symptomatologie peut vite s’avérer limité », écrivent le Dr Nicolas Bouvier, médecin coordonnateur et Françoise Desimpel, directrice, et Anne-Cécile Gimer, psychologue de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) de Saint-Germain-la-Ville (Marne). « Face à l’insuccès fréquent des thérapies médicamenteuses et aux incertitudes de certaines approches non médicamenteuses », les auteurs ont expérimenté un accompagnement original des résidents. Reposant sur la présence humaine, cette unité, baptisée Le Noctambule, a conduit à une nette amélioration des conditions de vie des personnes qui en bénéficiaient. Le personnel a également pu indirectement apprécier cette initiative, grâce à une baisse sensible des incidents et donc de la pénibilité au travail ».  Trente résidents bénéficient régulièrement de ce service. Les actions comprennent un lieu d’accueil « contenant » [un espace dans lequel la vie émotionnelle est reçue et contenue], à l’ambiance apaisante ; la mise en place d’activités de groupe permettant un soutien des participants ; la proposition d’une collation et de séances de stimulation sensorielle Snoezelen ; un accompagnement en chambre pour certains résidents ; de la musique, l’utilisation d’objets et d’espaces transitionnels pour la résolution des crises d’angoisse (« poupée d’empathie »). Douze semaines après le début de l’intervention, le nombre total d’incidents observé chaque soir pour trente résidents bénéficiant de l’accompagnement, est tombé de quarante en moyenne à quasiment zéro. Les auteurs concluent : « notre projet institutionnel, qui met le bien-être de l’Homme âgé au cœur de sa démarche, exige que chacun soit accompagné à son rythme et en fonction de ses besoins propres. En maintenant cette démarche, nous respectons l’individualisation de l’accompagnement, qui offre à ceux présentant des troubles de toute nature un cadre sûr et apaisant, ce que Donald Winnicott [psychiatre anglais] appelle un environnement “suffisamment bon” pour qu’ils puissent y terminer leur vie en restant intégrés à la société humaine ».

Bouvier N, Desimpel F, Gimer AC. Sommeil et Alzheimer : changeons d’approche. Revue de Gériatrie 2013 ; 38: 131-134. Février 2013. www.revuedegeriatrie.net/index.php.