Séparation et deuil anticipés : une onde de choc
Interventions non médicamenteuses
« Les familles dont l’un des membres est touché par une maladie neurodégénérative sont “contaminées”, à la manière d’une onde de choc, un ricochet », écrit Véronique Lefebvre des Noëttes, psychiatre au centre hospitalier Emile-Roux à Limeil-Brévannes. « Les différents membres de la famille sont, chacun à sa manière, confrontés à l’angoisse de perdre l’un des leurs, et confrontés à la possibilité de la séparation et du deuil de la famille idéalisée d’avant, entre décomposition et recomposition. En menaçant le lien d’attachement, la maladie chronique retentit sur ce qui constitue la portée affective de base de ce dernier : la tension entre sécurité et insécurité existentielles. » Pour la psychiatre, la démarche soignante vise à interpréter les troubles du patient en tant que signes d’une maladie, ce qui permet à l’entourage de prendre des distances, de rationaliser des troubles qui les impliquent (irritabilité, opposition, construction délirante) et de se positionner comme aidant avec une plus grande tolérance vis-à-vis des symptômes, au prix d’un réaménagement des rôles et des places. Tout ceci ne peut se faire sans un étayage constant, un accompagnement éthique inscrit dans le temps et la confiance. »
Espace de réflexion éthique de la région Île-de-France. Espace national de réflexion éthique et maladies neurodégénératives. Maladies neurodégénératives. Vivre sa maladie, inventer son quotidien. Les Cahiers de l’Espace éthique. Hors-série, novembre 2016.