Sémi, d’Aki Shimazaki
Société inclusive
« Soins à vie avec respect », dit la devise de la résidence pour seniors où Tetsuo et Fujiko Niré ont emménagé, dans le sud du Japon, à leur retraite, leurs enfants n’ayant pas souhaité demeurer avec leurs parents, contrairement à l’usage de la génération précédente. La maladie d’Alzheimer, surtout, cette irruption de l’étrangeté au cœur de leur existence, les a poussés vers le choix de l’établissement spécialisé. Là, ils sont presque comme à l’hôtel, bénéficient des commodités utiles à leur âge et leur situation. Leurs pensions suffisent à payer les frais, le personnel est agréable, les activités proposées nombreuses, la compagnie plaisante, et ils y reçoivent des visites. « C’est bien ainsi, après tout, résume Tetsuo, qui narre leur histoire. Nous ne sommes une charge pour personne. » Tout était supportable jusqu’à ce matin où Fujiko, soudain, ne reconnaît plus son époux, pas plus qu’elle ne se souvient de ses enfants et petits-enfants, ou de la mort ancienne de ses parents. Le choc est rude pour Tetsuo, pour qui quarante années de mariage sont comme pulvérisées. « La vérité est nuisible dans ces cas-là », conseille l’infirmière, l’invitant à la patience, et à se présenter en futur mari. Dans ce nouveau roman de l’écrivaine japonaise francophone Aki Shimazaki, la maladie d’Alzheimer vient foudroyer la quiétude d’un couple âgé à la retraite, écrit Sabine Audrerie, de La Croix. Aki Shimazaki écrit sur l’imperfection de toute vie, et la possibilité de la supporter. S’en dégage quelque chose comme la sensation d’un temps retrouvé. Souvent, la lecture, l’observation de la nature, la pratique de la céramique ou de l’agriculture recentrent les personnages loin du tumulte de la vie moderne. Une manière de voir qui doit peut-être à la culture bouddhiste et shintoïste, et à la campagne tranquille dans laquelle la romancière a grandi. Ébranlée, la structure familiale révèle ses failles dans la maison de retraite où Nobuki a délaissé ses parents, rompant avec la tradition selon laquelle il devait prendre soin de leurs vieux jours, écrivent Camille-Elise Chuquet et Gladys Marivat, dans Lire.
Shimazaki A. Sémi. Paris : Actes Sud. Mai 2021. 160 p. ISBN : 978-2-3301-5123-2. www.actes-sud.fr/catalogue/semi. www.la-croix.com/Culture/Semi-dAki-Shimazaki-conjugalite-lepreuve-dAlzheimer-2021-06-02-1201158918, 2 juin 2021.