Savoir s’excuser : le devoir des manières

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
16 juin 2020

Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, comme beaucoup de personnes qui se sentent dévalorisées, sont narcissiquement fragiles, soulignent Cyril Hazif-Thomas, chef de service de psychiatrie du sujet âgé au CHRU de Brest, et ses collègues. Il est donc fondamental de savoir opportunément s’excuser ou revenir sur une explication non assimilée. Un soignant peut être fatigué. Ses gestes dans le soin ne seront pas interprétés comme une négligence s’il dit à un malade confus, avec le sourire, quelque chose comme : « la journée a été chargée pour moi. Je suis usé. » « On est parfois surpris de voir l’intelligence affective de la personne malade se montrer alors à la hauteur de la politesse et de l’humilité soignante. Ces vertus sont à mi-chemin entre le plaisir du lien et l’utilité de la relation. Le partage relationnel est équitable mais le langage technique que nous utilisons de façon inconsciente, d’une part met à distance et, d’autre part, établit inconsciemment une relation dominant-dominé. La délivrance d’information doit être claire, loyale et appropriée. Parler de soi, dire “je”, montrer en toute humilité que l’on peut faire des erreurs font partie d’un “devoir des manières” ; ces manières ont une vertu essentielle : celle de réinscrire une personne vulnérable dans son humanité, celle d’une personne sujette à un discours qu’elle peut toujours se réapproprier ; à défaut de quoi, elle se sentira étrangère à la marche du monde qui l’entoure. »

Hazif-Thomas C et al. Un trousseau de clés psychogériatriques pour aider les malades âgés confus. Rev Gériatr 2019 ; 44(4) : 219-226. Avril 2019. www.revuedegeriatrie.fr/index.php.