Sauver la face

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Date de rédaction :
23 juillet 2020

« La face est à l’homme ce que l’écorce est aux arbres », dit un dicton chinois. En Extrême-Orient, le concept de « face » est associé à l’image publique positive de soi. En chinois, par exemple, le terme mianzi, associé au prestige et au statut, touche à l’éducation, à la richesse et à la position sociale. Le terme lian a trait à l’intégrité morale et à la conduite sociale et concerne le respect qu’inspire une personne en retour de sa bienséance et de son sens de l’honneur, quelle que soit sa position sociale. Cette norme culturelle se retrouve également au Japon et en Corée du Sud. Au Japon, pour sauver les apparences, des personnes atteintes de démence prétendent parfois connaître la réponse correcte à un test neuropsychologique tel que le MMSE (mini-mental state examination). Ces réponses pour sauver les apparences amènent les aidants et/ou les professionnels de santé à sous-estimer la sévérité de la démence et empêchent d’initier une prise en charge précoce adéquate de ces personnes. Cependant, la plupart des descriptions de ces réponses sont fondées sur le savoir empirique des médecins. Masateru Matsushita, du centre de formation et de recherche médicale à l’Université de Kumamoto, et ses collègues, ont voulu savoir si ces réponses étaient des schémas de communication typiques chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Ils ont fait passer un test cognitif (MMSE) à 107 patients en ambulatoire atteints de la maladie d’Alzheimer, 16 d’une démence vasculaire, 30 d’une démence à corps de Lewy et 55 ayant un déficit cognitif léger. Des réponses pour sauver les apparences sont observées chez 58% des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer, 20% des personnes atteintes de démence à corps de Lewy et 18% des personnes atteintes de déficit cognitif léger. Les chercheurs appellent les cliniciens à adopter une attitude respectueuse envers les personnes atteintes démence et cherchant à sauver la face, faute de quoi elles risquent de développer des sentiments conflictuels vis-à-vis des tests.  Pour Toyoko Okamoto et ses collègues, du département des sciences de la réhabilitation à l’Université des sciences de la santé de Kobe, l’attitude familiale est le facteur le plus fortement associé à l’affabulation.

https://chine.in/guide/sauver-face_1717.html, 12 juillet 2018. Matsushita M et al. Are saving appearance responses typical communication patterns in Alzheimer’s disease? PLOS One 2018 ; 13(5): e0197468. 23 mai 2018. https://neurosciencenews.com/communication-pattern-alzheimers-9278/, 6 juin 2018. Okamoto T et al. Factors influencing confabulation in Japanese patients with Alzheimer’s disease. Psychogeriatrics 2018; 18(4): 276-282. Juillet 2018. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30133941.