Robot phoque : une utilisation individuelle pour calmer les angoisses

Innovation

Date de rédaction :
03 septembre 2020

Initiées en septembre 2016, trois études ont été simultanément menées, pendant 18 mois, dans les 11 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes de la Mutualité française Loire-Haute-Loire : une étude clinique concernant l’usage du robot phoque Paro dans la gestion de la douleur lors des soins, une étude socio-ethnographique ayant pour objectif de répertorier les usages du robot et une étude sociologique pour identifier les réactions, les interactions de la personne avec le robot, le niveau d’acceptabilité, la relation de soin entre patients et aidants, l’impact de Paro sur l’organisation du travail et son acceptabilité par les soignants. Ces trois études ont été complétées par les retours d’expérience après deux années d’utilisation au sein des établissements. Ces trois études ont été réalisées avec le soutien de la Fédération nationale de la Mutualité française et de la Fondation Paul Bennetot (groupe Matmut). Les professionnels font davantage un usage individuel que collectif du robot, principalement pour canaliser une angoisse, une colère ou limiter une déambulation. Du côté des personnes âgées, la logique du « prendre soin » gouverne les usages : c’est en s’occupant du robot que les souvenirs ressurgissent, que l’imaginaire se déploie et que l’affect s’exprime. Toutefois, Paro ne fonctionne pas sur tous les résidents (phobie des animaux, refus d’être infantilisé, etc.). La capacité à réagir de manière autonome aux comportements humains le rend propice au travail avec les personnes qui peuvent éprouver des difficultés à communiquer. Cette amélioration de la communication verbale et non-verbale semble toutefois se faire au détriment de la relation humaine avec l’aide- soignant. En effet, le robot prend en charge une partie des interactions, pouvant donner le sentiment à l’aide-soignant de se sentir dépossédé d’une part de son activité : la relation au soigné. Par ailleurs, l’utilisation de Paro induit un allégement de la charge de travail subjective des soignants. L’intervention du robot est un levier efficace pour diminuer la douleur induite par les soins grâce à son effet distracteur, répondant ainsi à un réel besoin des équipes de soins. En revanche, elle ne permet pas de diminuer la prise d’antalgiques des résidents.

Mutualité française, 24 octobre 2018.