Revue de presse nationale Décembre 2005-Janvier 2006

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 décembre 2005

Les nouvelles figures du soin. 
« Le soignant et le soigné ne sont pas seulement séparés par la vulnérabilité de l’un et par la compétence de l’autre. De manière plus fondamentale, c’est la relation de soin, dans l’inégalité des positions qu’elle assume, qui engendre les postures du soignant et du soigné ». C’est ainsi que la revue Esprit introduit une longue réflexion sur les « figures du soin ». Les deux préfaciers, Guillaume le Blanc et Frédéric Worms, insistent sur « le caractère asymétrique des relations éthiques ». Mais il n’existe pas d’« autre horizon normatif que celui de la viabilité d’une personne ». « Si la relation au soin est à ce point une relation éthique, n’est-ce pas le concept de respect comme enjeu ultime de la relation éthique qui doit être relié, d’une manière ou d’une autre, à une analyse du soin ? » Il s’agit de définir « une éthique de la sollicitude comprise comme alternative à la norme désincarnée et impartiale de la justice. »
Esprit, janvier 2006, article de Guillaume le Blanc et Frédéric Worms
Qu’est-ce que le soin ? 
Telle est la question que pose la revue Esprit, dans un article de la philosophe et juriste Virginie Pirard. La tentation domine de « penser le soin selon des logiques essentiellement affectives » (prédominance de la figure féminine). D’où l’ambiguïté propre aux tâches de soin. Le discours des soignants oscille donc sans cesse entre la culpabilité (ne pas en faire assez) et l’écoeurement (les soignés en demandent toujours trop). Seule alternative : « la mobilisation de la catégorie du respect, conçue ici non comme une vertu morale mais comme une ressource relationnelle reproductible dans la réalité selon certaines procédures ». Le soin s’inscrit dans le cadre d’une relation de dépendance, qui est elle-même une figure de notre « vulnérabilité ontologique ». Son enjeu est « l’adaptabilité aux besoins du plus vulnérable ». Il s’agit bien d’un « travail », qui implique la « dénaturalisation des ressources affectives ». Mais il faut se méfier de l’« automatisation des gestes de contact et de communication », qui peut devenir source de violence, tout autant que de la réduction du rapport de soin comme « réceptacle de projections inconscientes ». Maintenir ces projections à leur juste place, selon « une logique du respect plutôt que de l’amour », telle devrait être la règle.
Esprit, janvier 2006, article de Virginie Pirard
Les deux concepts du soin. 
La « relation de soin » constitue le fondement premier de la médecine. On appellera « soin » : « toute pratique tendant à soulager un être vivant de ses besoins matériels ou de ses souffrances vitales, et cela, par égard pour cet être-même ». On soigne quelqu’un, on soigne quelque chose (une maladie). Ces deux concepts du soin « obéissent à deux logiques relationnelles (…) distinctes et irréductibles » Le modèle de la première, c’est le modèle parental qui consiste à « adresser des soins comme à un être ou un enfant individuel, et à se constituer du même coup comme un être ou un parent non moins individuel ». Le modèle de la seconde, c’est le « modèle médical », qui l’entraîne dans une direction opposée. C’est avant tout « un effort pour guérir ». « Une maladie comme la maladie d’Alzheimer pousse aujourd’hui la relation entre les deux modèles jusqu’à leurs limites extrêmes : les enfants deviennent non seulement les parents de leurs parents, mais aussi leurs soignants ; tandis que les médecins eux-mêmes voient la relation parentale comme un moyen thérapeutique, une ultime ressource pour refaire un sens global à un cerveau, une mémoire, un corps qui tend de lui-même vers sa désintégration ». D’où « le double risque (…) non seulement d’une société médicalisante, mais aussi d’une société maternante, un risque donc d’une double confusion des rôles ». « Le soin nous place d’emblée devant les deux grandes sources de l’asymétrie, qui travaillent contradictoirement le sujet moderne et démocratique : la vulnérabilité et le pouvoir  ». Il faut penser « une éthique et une politique de l’asymétrie », qui écarte tout à la fois le paternalisme que le spectre du pouvoir médical et qui « comporte tous les échelons, de la thérapie analytique aux soins palliatifs ».
Esprit, janvier 2006, article de Frédéric Worms
Consentement aux soins : douze problèmes. 
Robert Moulias, dans un article publié par la revue Gérontologie, analyse les douze problèmes que pose le principe du consentement aux soins. 1) Le préalable de l’information ; 2) Consentir ou décider ? Il s’agit de faire comprendre au patient qu’il a des possibilités de choix. 
3) Coopération aux soins ou décharge ? Associer le malade, ou à défaut son aidant familial, à son propre soin ;4) Quelle formalisation pour le consentement ou le refus ? Apporter la preuve que les explications nécessaires ont été fournies au malade ; 5) Le sens du refus. Refus éclairé et réfléchi ? Peur d’une complication ? Saute d’humeur ? Suicide passif ? Le médecin doit analyser le refus ; 6) La question de la confiance. Attention à la confiance aveugle ! 7) Niveau de consentement, d’information, de compréhension ? 8) Le cas de celui qui ne peut décider : le médecin a la responsabilité de décider, à condition qu’il se soit assuré d’une consultation collégiale ; 9) Cas particuliers de consentement aux soins : consentement à la recherche, à l’entrée en institution, au transfèrement ; 10) Le malade manipulé par les médias ou par ses proches présente une demande de soins que le médecin a parfaitement le droit de refuser 11) Les dérives du consentement : la dérive paternaliste, l’attitude d’abus de confiance de la part des soignants, le nihilisme (« rien à faire »), l’attitude « parapluie » (signez !) ; 12) Consentements et leurs sens : si toutes les conditions sont réunies, dans 90% des cas, le consentement est éclairé.
Gérontologie, n° 137, 1er trimestre 2006
Dix missions pour un futur ordre infirmier. 
L’ordre, qui contrôlerait l’exercice professionnel et dénoncerait les situations d’exercice illégal de la profession, s’assignerait dix missions : veiller au maintien des principes d’éthique, de qualification et de compétence ; assurer la préservation, la valorisation et- la promotion de la profession ; être l’interlocuteur des pouvoirs publics ; rédiger le code de déontologie, qui apparaîtrait sous forme de décret validé par le Conseil d’Etat ; donner son avis sur tout projet de règlement relatif à la profession ; veiller à la conformité déontologique des contrats entre personnels infirmiers et employeurs ; s’assurer de la validité des agréments délivrés par les pouvoirs publics aux organismes de formation ; créer toute commission de travail en tant que de besoin ; diffuser les règles de bonne pratique auprès des professionnels ; réaliser le suivi de la démographie nationale de la profession infirmière et établir un répertoire professionnel des infirmiers.
Agevillagepro.com, 16 janvier 2006
Qui prend en charge quoi ? 
Le salaire d’un orthophoniste ou d’un psychologue intervenant dans un établissement accueillant des personnes handicapées est pris en charge par l’assurance maladie. Mais si ce professionnel exerce auprès de personnes âgées dépendantes, son poste sera financé sur le budget « dépendance » de l’établissement, donc en partie par le Conseil général. Dans certains cas, la nature de la prise en charge possible n’est pas clairement établie et dépend des bons vouloirs locaux, comme pour « le transport des malades d’Alzheimer vers un accueil de jour ou les gardes de nuit », note-t-on à la Fédération hospitalière de France. Santé Social, janvier-février 2006
Croix Rouge : exit le service auxiliaires de vie. 
Le service auxiliaires de vie de la Croix Rouge, qui existait depuis 2001, vient de fermer intégralement, en raison d’une « véritable catastrophe budgétaire ». Vingt-sept personnes ont été licenciées. Elles suivaient, parfois vingt-quatre heures sur vingt-quatre, huit bénéficiaires à domicile, atteints de maladies lourdes, comme la maladie d’Alzheimer. Clicanoo.com, 9 janvier 2006
Quelle indemnité de préavis quand la personne âgée meurt ? 
Il s’agit du cas où la personne âgée était employeur direct de la personne chargée de l’aide à domicile. Le décès vaut rupture de la convention de travail et s’assimile à un licenciement, avec les même droits et indemnités, à la charge des héritiers. 
Telle est la réponse faite par le ministre délégué à l’emploi, au travail et à l’insertion professionnelle des jeunes à une question de M. Le Nay, député UMP du Morbihan.
http://questions.assemblee-nationale.fr, 9 janvier 2006
Etablissements à but lucratif : 2,6% 
Le prix des prestations offertes aux résidents des établissements sociaux et médico-sociaux pour personnes âgées à but lucratif ne pourra augmenter de plus de 2,6% au cours de l’année 2006 (arrêté du 30 décembre 2005).
Actualités sociales hebdomadaires, 6 janvier 2006
La fin de l’agrément tacite. 
Les conventions et accords collectifs applicables aux salariés des établissements et services du secteur sanitaire, social et médico-social doivent être soumis à l’agrément des ministres chargés de la sécurité sociale et de l’action sociale. Les demandes d’agrément devront obligatoirement comporter une analyse des modifications apportées aux stipulations en vigueur et le chiffrage du coût. Alors que l’absence de réponse valait jusqu’à maintenant approbation tacite, l’absence de décision dans les quatre mois vaut désormais décision de rejet. Actualités sociales hebdomadaires, 6 janvier 2006
Petites unités de vie : forfait journalier de soins plafonné à 11,51 €. 
Pour les établissements assurant un accueil de jour, forfait journalier de 23,28 € (arrêté du 22 décembre 2005). Actualités sociales hebdomadaires, 6 janvier 2006
Accueil familial. 
Les familles qui accueillent des personnes âgées à domicile à titre onéreux voient leur rémunération minimale passer à deux SMIC et demi par jour (16,6 €). Il s’y ajoute une indemnité de congé. Le contrat d’accueil donne droit, pour l’accueillant, aux prestations d’assurance maladie, maternité, invalidité, décès et retraite. Ces précisions figurent dans une réponse de Philippe Bas au député UMP de l’Ain, Michel Voisin. http://questions.assemblee-nationale.fr, 2 janvier 2006
Le médecin face au grand âge. 
Vieillir jusqu’à un âge avancé est de moins en moins exceptionnel. Or notre société rencontre des difficultés pour prendre en charge ses grands vieillards qui se retrouvent souvent isolés. Le médecin est souvent l’interlocuteur principal et joue donc un rôle essentiel. Ce dossier donne le point de vue du Conseil national de l’ordre des médecins et rappelle les textes récemment parus.
Le Bulletin de l’ordre des médecins, 1er janvier 2006.
Logements-foyers en liberté. 
Un amendement sénatorial du 17 octobre 2005 sauve l’avenir des logements-foyers en leur permettant, à titre dérogatoire, de choisir entre le statut d’EHPA ou d’EHPAD, ou encore d’adopter le conventionnement partiel (ce qui autorise l’établissement à changer de chambre ou de service le résident fragilisé par une nouvelle désorientation).
Les Cahiers de la FNADEPA, décembre 2005 ; Soins Gérontologie, novembre-décembre 2005
Aidants professionnels : attention au burn out ! 
Le burn out, c’est l’épuisement professionnel. Deux psychiatres du département de géronto-psychiatrie du centre hospitalier Saint-Jean-de-Dieu à Lyon, F. Dibie-Racoupeau et V. Chavane, ont exploré les risques inhérents à l’exercice professionnel auprès de malades atteints de la maladie d’Alzheimer. Ce travail s’organise sous le sceau d’une triple rencontre avec la vieillesse, la dépendance et la psychopathologie. D’où un investissement affectif, qui peut parfois se définir comme une projection oedipienne sur des patients âgés, ou, au contraire, comme une réaction d’ordre maternel. L’idéal soignant est confronté à trois sources de souffrance : l’identification au patient et la culpabilité qu’elle suscite, la confrontation avec la mort et la souffrance spécifique de l’accompagnement au cours des derniers soins. Il s’agit de trouver « la bonne distance affective profitable ». L’antidote consiste essentiellement en une référence à un groupe et en une activité de réflexion théorique continue, ce qui implique une formation et, bien souvent, des groupes de parole, ou des temps de supervision, d’analyse de la pratique. Plutôt que de créer des « dispositifs » d’aide aux aidants professionnels, il s’agit de privilégier des attitudes préventives par rapport aux risques du métier, en étant vigilant à l’apparition des premiers signes de souffrance.
Neurologie Psychiatrie Gériatrie, décembre 2005. Cf., sur le même sujet, l’article d’Anne-Marie Le Gall, in Directions, janvier 2006