Résidents d’EHPAD et personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer : une impossible cohabitation ?
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Bernard Poch, gérontopsychiatre, insiste sur la nécessité de prendre en compte l’environnement de la personne : « les troubles surviennent quand le patient n’est plus dans un espace qui lui convient, ce qui provoque une angoisse et une anxiété de fond : il décompense. Les unités cognitivo-comportementales permettent au malade de se rééquilibrer et de surmonter ces difficultés que sont l’agitation et la déambulation excessive. » Pour lui, maintenir les résidents d’EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) atteints de la maladie d’Alzheimer au milieu des autres, pour essayer de les stimuler par la socialisation, est une fausse bonne idée. « C’est une cohabitation douloureuse. En début de pathologie, elle est envisageable, et même souhaitable. Mais à un stade avancé, il y a besoin d’un accompagnement spécifique, et cela renvoie aux autres résidents une image pénible. » Le confinement entre personnes malades ne risque-t-il pas d’accélérer le déclin des capacités restantes ? Pour le gérontopsychiatre, « les unités Alzheimer ne sont pas faites pour isoler les personnes, mais pour que des patients à un stade avancé dans leur pathologie, avec des troubles du jugement, du raisonnement, avec une anxiété de fond, puissent être en petit groupe avec une présence soignante suffisante. Deux personnes par jour ne suffisent pas. Il faut être avec le patient, et ne pas utiliser n’importe quelle animation. Ce n’est pas “fête et cotillons”. »
Doc’Alzheimer, avril-juin 2019.