Réserve neuronale : une cible thérapeutique

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Date de rédaction :
01 mai 2008

Pour André Delacourte, directeur de recherche au centre Inserm Jean-Pierre Aubert de Lille, l’histoire naturelle et moléculaire de la maladie d’Alzheimer indique une autre piste thérapeutique, celle de la réserve neuronale, en attendant un éventuel succès de l’approche étiologique curative ciblant la cascade amyloïde et la protéine tau. La maladie d’Alzheimer doit être vue sous un angle bidimensionnel, en fonction du temps et de l’espace cérébral. Le processus dégénératif démarre réellement lorsque la pathologie tau monte en puissance dans la région de l’hippocampe pour envahir ensuite le cortex temporal et les régions « polymodales associatives », qui rassemblent et intègrent l’ensemble des informations cognitives, avant de terminer sa course dans les régions responsables des organes des sens et de la motricité. La dynamique de progression de la pathologie tau peut être foudroyante ou progressive, selon une échelle de temps de deux à vingt ans (six à sept ans en moyenne). Mais le cortex temporal peut être atteint par la maladie d’Alzheimer sans signes patents de déficit cognitif. Cela veut dire que des forces de compensation sont venues suppléer l’atteinte neurodégénérative de la région limbique et temporale, où plusieurs milliards de neurones ont été perdus : il existe une réserve et une plasticité neuronales, qui permet de contenir pendant un certain temps la progression de la maladie. La pathologie vasculaire pourrait endommager le tissu compensateur, aggravant l’effet clinique du processus neurodégénératif.
La Revue de Gériatrie . Delacourte A. Réserve neuronale : l’autre cible thérapeutique de la maladie d’Alzheimer , mars 2008. Cerveau et psycho , mars-avril 2008.