Repenser la solidarité.

C’est le titre d’un ouvrage collectif dans lequel cinquante chercheurs en sciences sociales, sous la direction de Serge Paugam, invitent à refonder le contrat social remis en cause par les nouvelles inégalités apparues dans de nombreux domaines de notre société. « Comment, s’interrogent les auteurs, concevoir la solidarité dans un monde qui refoule les plus vulnérables dans l’inactivité ou la précarité économique ? » Le concept de « cohésion sociale », apparu en 1993, « reflète bien le mode de fonctionnement de l’Etat social qui, au lieu de se réformer en profondeur, préfère gérer les marges ». Les auteurs s’inquiètent de l’accent mis aujourd’hui sur la responsabilité individuelle et de l’appel de plus en plus important aux initiatives privées. Il faut, disent-ils, « revenir à une connaissance précise des déterminants sociaux qui pèsent sur (les) destins (des individus)». Ils refusent « le morcellement des aides » et préconisent des « solutions plus globales et moins stigmatisantes ». Ils relativisent l’entraide familiale et affirment que « les solidarités familiales tendent à accentuer les inégalités entre les familles et ne peuvent être considérées comme une alternative aux interventions de l’Etat en direction des jeunes et des plus âgés dépendants ». Ils se demandent si, « plutôt que de savoir si la famille parvient ou non à aider les siens, la question n’est pas de reconnaître à quel prix elle le fait ». L’impôt leur paraît enfin la solution logique pour mettre fin aux inégalités entre les générations. 
www.agevillagepro.com , 23 janvier 2007 ; Actualités sociales hebdomadaires , interview de Serge Paugam par Isabelle Sarazin, 19 janvier 2007