Remboursement des médicaments spécifiques : qui est pour et pourquoi ?
Droit des personnes malades
Pierre Bienvault, de La Croix, résume : « la plupart des neurologues et des gériatres défendent ces médicaments en affirmant que, prescrits à bon escient, ils auraient un bénéfice significatif chez une partie des patients. Ils affirment aussi qu’un déremboursement serait un signal négatif adressé aux malades et aux familles. Selon eux, c’est le fait qu’il existe des médicaments qui incite les personnes concernées à venir consulter et à pouvoir ensuite bénéficier d’une prise en charge globale. » Les arguments mis en avant sont les suivants : « Ces médicaments ont montré une efficacité modeste mais significative dans toutes les études avec un niveau de preuve A (la plus élevée, selon les évaluations de la revue Cochrane et du National Institute for Health and Care Excellence [NICE] britannique). Il n’y a pas de signal de pharmacovigilance majeur si les précautions d’utilisation et les indications sont respectées suivant les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) ; environ un tiers des patients en tire un bénéfice significatif. Les personnes atteintes de démence à corps de Lewy seront privées d’un traitement dont l’efficacité est démontrée dans des symptômes psycho-comportementaux invalidants. La pertinence clinique de ces médicaments n’est pas à juger de manière isolée mais dans une démarche globale de parcours sur la qualité de vie et l’allongement du délai d’institutionnalisation. Le déremboursement conduira à une iniquité sociale, ces médicaments continuant à être prescrits puisque autorisés, permettant aux seuls patients en ayant les moyens de les utiliser. Ils font partie du « standard of care » [référence de soins] de la quasi-totalité des pays, ce qui pourrait conduire à exclure la participation de la France aux essais thérapeutiques, le traitement étant un prérequis pour le recrutement des patients. La diminution du coût observée depuis 2011 avec diminution de la prescription et “générification” doit être prise en compte. Le déremboursement est un signal négatif envoyé à la collectivité des patients avec risque de démédicalisation et désintérêt de la prise en charge, argument fortement ressenti par les associations. Les preuves scientifiques de l’efficacité des alternatives non médicamenteuses sont faibles. La mise en place d’un projet de recherche dans le cadre du programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) en 2017 doit être prise en compte. Le déremboursement occasionne un isolement de la France à l’échelle internationale. » France Alzheimer se déclare « satisfaite » du report du déremboursement éventuel des médicaments concernés, car cela « aurait provoqué une rupture d’égalité devant l’accès aux médicaments entre les familles aisées et les plus démunies. »
Ministère des Affaires sociales et de la santé. Quel parcours pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ? Clanet M (rapp.). 11 avril 2017. www.marisoltouraine.fr/wp-content/uploads/2017/04/11-04-2017-Rapport-Pr-Michel-CLANET-Alzheimer.pdf(texte intégral). Gérontonews, 19 avril 2017. APM News, 13 avril 2017.