Rééducation orthophonique : impliquer l’aidant
Interventions non médicamenteuses
Le neuropsychologue Laurent Lefebvre et l’orthophoniste Catherine Sée, de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université de Mons (Belgique), proposent un nouvel outil de prise en charge orthophonique, Logaatome, pour stimuler les domaines langagiers préservés chez la personne malade, et développer les compétences de communication de l’aidant. Une mallette comprend un manuel d’utilisation, des fiches, des photos, un CD audio, un cahier d’activités (phonologie, approche lexico-sémantique et pragmatique, langage spontané, écriture)… « Il s’agit du premier outil alliant intervention auprès du patient et intervention auprès du proche, élaboré spécifiquement pour être proposé au domicile du patient », expliquent les chercheurs. La prise en charge orthophonique se déroule deux fois par semaine pour la personne malade et une fois par semaine pour l’aidant.
Face à des difficultés de langage naissantes et évolutives, l’orthophonie peut permettre d’épauler le patient. « L’orthophonie constituera une action de prévention et d’accompagnement du patient à la dégradation lente de son langage », explique Nathaly Joyeux, orthophoniste à Avignon. « Plutôt que d’essayer de restaurer le langage à l’identique, on va proposer au patient des moyens de compensation, avec des cahiers de langage ou des carnets de vocabulaire qu’il va avoir à disposition. » Grâce à ces « cannes langagières » sur lesquelles il va pouvoir se reposer, le patient va apprendre à communiquer autrement, avant que l’aphasie n’ait eu le temps de s’immiscer dans son quotidien. « Dans la mesure où il a une prise en charge qui lui donne des moyens de s’appuyer dessus, c’est beaucoup moins angoissant que de ne rien faire et de constater simplement la dégradation du langage », souligne l’orthophoniste. Petit à petit, et à mesure que son langage se dégrade, le patient pourra se servir des outils de communication proposés par l’orthophoniste. Si cette prise en charge est la seule option proposée aux patients atteints d’aphasie progressive primaire, elle est moins systématique dans le cadre de la maladie d’Alzheimer, alors que les difficultés d’expression sont réelles. « Les médecins ne pensent pas systématiquement à proposer une prise en charge orthophonique d’anticipation », prises en charge par l’assurance maladie au titre de l’ALD (affection de longue durée) « maladie d’Alzheimer et autres démences », déplore Nathaly Joyeux.