Réadaptation cognitive : analyse coût-utilité

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
15 décembre 2012

La réadaptation cognitive dans la maladie d’Alzheimer vise à réapprendre au patient à réaliser une activité valorisante en contournant les déficits et en exploitant les capacités préservées. L’intervention de réadaptation cognitive est centrée sur les actes de la vie quotidienne dans le but de comprendre les mécanismes perturbés et ainsi de fixer des objectifs de travail visant à optimiser leur réalisation en vue d’améliorer rapidement – en raison du caractère évolutif de la maladie – la qualité de vie du patient et de son entourage. Le prix mensuel d’un programme pilote de réadaptation soutenu par le CHU de Liège s’élève à 74.37 euros pour le patient. Aucune évaluation économique n’a encore permis de montrer l’efficience de cette approche, c’est-à dire la prise en compte simultanée du coût et de l’efficacité de l’intervention en référence à un traitement médicamenteux. Éric Salmon et ses collègues, du centre de la mémoire au CHU de Liège (Belgique), ont suivi dix-sept patients atteints de démence débutante, huit étant traités uniquement par médicament et neuf bénéficiant en plus d’une réadaptation cognitive. Une visite trimestrielle auprès de l’aidant informel, à trois, six, neuf et douze mois, a permis de recueillir les coûts directs relatifs à la maladie (coûts de résidence, aides et soins à domicile,  matériel médical, médicaments, consultations médicales, interventions de revalidation cognitive, accueil de jour, examens médico-techniques, hospitalisation, hébergement temporaire, transport) et de faire passer un questionnaire évaluant les valeurs d’utilité associées à la prise en charge. Pour la mesure de l’utilité associée au traitement, l’aidant informel est amené à chaque visite à répondre au questionnaire EQ-5D. Cet instrument permet une description de l’état de santé du patient que l’on peut traduire en utilité, valeur comprise entre 0 et 1 correspondant à la désirabilité de l’état de santé (mort : utilité=0 ; parfait état de santé : utilité=1). L’instrument descriptif est basé sur cinq dimensions (mobilité, autonomie, activités courantes, douleurs/gênes, anxiété/dépression) comportant trois niveaux (aucun problème, problème modéré, incapacité/problème extrême). Dans cet échantillon, l’utilité (mesure synthétique par l’aidant de l’état de santé de la personne malade) se situe en moyenne à 0,7171. Les résultats de l’analyse coût-utilité à trois et à six mois suggèrent que la réadaptation cognitive est efficiente pour le patient et source d’économie pour l’assurance maladie (coût moindre pour une efficacité supérieure) par rapport à une prise en charge médicamenteuse. L’analyse à neuf et douze mois n’a pas été possible en raison de la taille réduite des échantillons de patients. Pour les auteurs, même s’il existe de nombreuses limites à l’étude, ces premiers résultats suggèrent un intérêt économique de la réadaptation cognitive qui devra être confirmé sur des populations plus importantes.

Fischer M et al. Validation de principe d’une analyse coût-utilité pour une prise en charge par réadaptation cognitive dans le syndrome démentiel débutant. Rev Neuropsychol 2012 ; 4 (3) : 151-162.