Quelle recherche en EHPAD ? Les priorités
Interventions non médicamenteuses
Philippe Denormandie, directeur général adjoint de Korian, quatrième groupe français d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), regrette : « le secteur médico-social manque de programmes de recherche, appliqués et adaptés à nos ressources mais rigoureux, qui permettent de mieux évaluer nos pratiques et donc de diffuser largement en étayant les remarquables expériences du terrain. L’absence de production scientifique ne permet pas une plus large diffusion des bonnes pratiques adaptées à la réalité des populations que l’on accueille ». Le Professeur Yves Rolland, responsable d’une unité de soins de longue durée au CHU de Toulouse et membre du Gérontopôle créé en 2007, est un pionnier de la recherche médicale en EHPAD. Pour lui, il existe un « devoir de recherche » sur la population des EHPAD, qui y rentre souvent par défaut, lorsque les limites du maintien à domicile ont été atteintes. Cette population est plus âgée que celle vivant à domicile, et présente des pathologies multiples. « Actuellement, nous avons très peu de données permettant de savoir quels sont les soins les plus appropriés pour les personnes. Seulement 2.5% des travaux de recherche en gérontologie concernent des résidents ou des patients en institution », et « ces rares études ont souvent trop peu de robustesse pour démontrer quoi que ce soit ». Les priorités de recherche ne sont pas les mêmes : « chez les sujets jeunes, lorsqu’on traite des facteurs de risque, c’est pour éviter des complications qui surviendront vingt ans plus tard. Lorsqu’on s’adresse à des personnes sui ont quatre-vingt-six ans en moyenne, on s’intéresse davantage à la qualité de vie et à l’espérance de vie sans dépendance.
Le Journal du médecin coordonnateur, mai-juin 2013.