Quand l’hypertension fait perdre la tête

Prévention

Date de rédaction :
23 novembre 2014

La présence d’une hypertension artérielle chez les personnes âgées de trente-cinq à soixante-quatre ans augmente de 61% le risque de développer la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée, selon les données de l’enquête annuelle française FLASH (French League against hypertension survey). Chronique, silencieuse et considérée à tort comme bénigne, l’hypertension artérielle est aussi en partie responsable des cent trente mille accidents vasculaires cérébraux (AVC) qui surviennent chaque année en France, souligne le Pr Xavier Girerd, cardiologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Devant ce constat inquiétant, le Comité français de lutte contre l’hypertension artérielle (CFLHTA) a lancé sa quinzième campagne annuelle d’information et de sensibilisation sur le thème « Quand l’hypertension fait perdre la tête ». Seulement 49% des hypertendus sont contrôlés, « un chiffre bien inférieur à l’objectif fixé en 2012 pour l’année 2015, de traiter et de contrôler 70% des patients hypertendus. Cet objectif avait été fixé par le CFLHTA, la SFHTA (Société française d’hypertension artérielle), la SFGG (Société française de gériatrie et gérontologie) et par la DGS (Direction générale de la santé) », précise le Pr Jean-Jacques Mourad, spécialiste de l’hypertension à l’hôpital Avicenne à Bobigny. Pourquoi ? Le Pr Mourad évoque la mauvaise observance, la résistance aux traitements, l’inertie du corps médical, ainsi que « les incohérences et défaillances entre les différents plans de santé lancés par les autorités et leur mise en exécution. » Selon le Dr Bernard Vaïsse, cardiologue à Marseille, l’hypertension est dangereuse pour le cerveau à double titre : elle est responsable de lésions vasculaires cérébrales, ce qui augmente le risque d’AVC, et elle favorise également la formation de plaques amyloïdes. Les lésions cérébrales et les plaques augmentent fortement le risque d’Alzheimer. « Traiter et contrôler l’hypertension artérielle protège le cerveau contre l’AVC, retarde d’environ cinq ans la survenue de la maladie d’Alzheimer et ralentit aussi sa progression », souligne-t-il. Un traitement efficace de l’hypertension artérielle réduit de 55% l’incidence de maladie d’Alzheimer. Mais l’hypertension artérielle n’est pas le seul facteur pouvant augmenter le risque de maladie d’Alzheimer. L’hypercholestérolémie, le diabète, le surpoids et l’obésité, le tabagisme et l’inactivité physique augmentent également le risque de troubles cognitifs et de maladie d’Alzheimer. « Autant de raisons pour soigner son hypertension artérielle mais aussi pour bouger, avoir une alimentation saine et équilibrée et s’abstenir de fumer », ajoute souligne le Pr Jean-Michel Halimi, président de la Société française d’hypertension artérielle. Le fascicule Quand l’hypertension fait perdre la tête sera distribué à cinquante-cinq mille médecins généralistes et quatre mille spécialistes. En douze pages, il décrit de façon claire, simple et didactique ce qu’il faut faire (ou pas) pour protéger son cerveau et sa santé. La campagne est relayée sur le site www.comitehta.org.