Prospective : l’environnement de la démence après 2025

Prévention

Date de rédaction :
19 décembre 2015

Le plan Alzheimer américain vise à développer un traitement pouvant stopper ou retarder la progression de la maladie d’ici 2025. Un groupe d’experts internationaux, animé par Paul-Ariel Kenigsberg, adjoint au responsable de la cellule de coordination, prospective et stratégie de la Fondation Médéric Alzheimer, repousse cet horizon, et estime qu’il ne devrait pas y avoir d’avancées significatives sur le développement des médicaments à cette date. La prévention de la maladie d’Alzheimer, ciblée sur la réduction des facteurs de risque vasculaires et liés au style de vie, pourrait être un objectif plus réaliste que le traitement. Le niveau d’éducation et l’évaluation de la réserve cognitive dans les tests neuropsychologique méritent une plus grande attention, ainsi que les aspects culturels, sociaux et économiques de l’aide. Les technologies d’assistance pour l’accompagnement de la démence restent complexes. Les jeux sérieux (serious games) émergent comme outils de formation et de loisir, et peuvent être conçus pour le maintien des compétences individuelles et le développement collaboratif des compétences collectives. Il est vraisemblable que les politiques publiques continueront à améliorer la sensibilisation du grand public et à améliorer la compréhension de la démence, à proposer de façon précoce un diagnostic et des interventions de qualité jusqu’en fin de vie, en utilisant des critères d’évaluation cliniques et économiques, et en mettant en œuvre les plans Alzheimer plus rapidement, pour davantage de personnes. La démence doit continuer à être présentée comme un concept distinct de la fragilité ou de la perte d’autonomie. Les connaissances scientifiques fondamentales sur les déficits cognitifs et sur la participation sociale des personnes atteintes de démence doivent être développées. L’apprentissage par Internet (e-learning) devrait améliorer la formation du grand public et des professionnels. Face à la réduction des financements, une nouvelle dynamique professionnelle et économique devrait émerger, à travers des réseaux de recherche coordonnés et flexibles. La recherche psychosociale pourrait être considérée comme un investissement pour la qualité des soins, plutôt que comme un objet de réussite académique dans quelques centres d’excellence. Cela pourrait donner un avantage concurrentiel aux meilleurs opérateurs. En s’appuyant sur les besoins d’accompagnement, une approche logique, systémique de l’environnement de la démence, prenant en compte les interventions organisationnelles, architecturales et psychosociales, peut être développée avec pour objectif de réduire les symptômes chez les personnes malades et améliorer leur qualité de vie. Un environnement accueillant, la prise en compte de la culture et la dimension domestique familière sont les facteurs clés de succès de ces interventions.

Kenigsberg PA, Aquino JP, Bérard A, Gzil F, Andrieu S, Banerjee S, Brémond F, Buée L, Cohen-Mansfield J, Mangialasche F, Platel H, Salmon E, Robert P.  Dementia beyond 2025: Knowledge and uncertainties. Dementia (London) 2016; 15(1): 6-21. Janvier 2016. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25740575.

www-sop.inria.fr/members/Francois.Bremond/Postscript/dementia2015.pdf (texte intégral).