Prise en charge de la dépendance cognitive : les gériatres français appellent à moins de blouses blanches, moins de médicaments et des structures plus petites

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
11 septembre 2020

Pour le Pr Olivier Guérin, président de la société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG), la crise du covid-19 « a montré la désorganisation complète de la prise en soins des personnes âgées polypathologiques. » Le modèle d’EHPAD à la française souffre en effet de faiblesses structurelles connues avant cette crise. Chaque année, les résidents de ce type de structures payent également un lourd tribut à la grippe. Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, la difficulté de former de manière efficace les personnels dans un contexte de fort turn-over, lié notamment à la pénibilité du travail. À cela s’ajoutent des difficultés d’approvisionnement en matériel mais aussi de mobilisation de capacités médicales et soignantes en cas de crise, médecins et infirmières coordinatrices notamment. Pour Olivier Guérin, le cœur du problème est en réalité lié au profil des personnes accueillies et au côtoiement de deux types de population : des personnes avec une forte comorbidité, polypathologiques, qui relèvent d’une prise en charge de type unités de soins de longue durée (USLD) d’une part, et de résidents dont la perte d’autonomie est liée à des troubles cognitifs, sans réels soucis somatiques, d’autre part. Cela s’est révélé d’autant plus flagrant pendant la crise, notamment, lorsqu’il a fallu confiner en chambre des résidents déambulants, qui pouvaient générer un risque pour d’autres, insuffisants cardiaques ou respiratoires. Pour le Pr Guérin, ce mélange des populations est désormais inconcevable et le modèle de l’EHPAD doit vraiment évoluer. Dans la plupart des cas, la perte d’autonomie est liée à la maladie et les personnes malades doivent relever du sanitaire. Le démantèlement des USLD en France, depuis 20 ans, et le déport de gens malades vers le secteur de la dépendance, étaient « de très mauvaises idées », critique-t-il. À l’inverse, les dépendants cognitifs ont besoin d’un environnement bienveillant. Moins ils voient de blouses blanches, mieux ils se portent. Il leur faudrait donc des structures plus petites, qui recréent de vrais domiciles, et avec des équipes complètement rodées aux approches non-médicamenteuses.

https://sfgg.org/media/2020/07/ehpadia_20_sfgg-guee%CC%8Crin.pdf, 23 juillet 2020. Ehpadia, 23 juillet 2020.