Prévention de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées : les leviers sont individuels et collectifs
Échos d'ailleurs
Le Conseil mondial sur la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées (World Dementia Council), installé par le G8 en 2013, dresse un état des connaissances depuis 10 ans sur l’avancée des interventions de prévention, la structuration d’un réseau mondial de recherche collaborative (World-Wide Fingers) et les priorités de recherche sur ces interventions. Les facteurs de risque modifiables liés à la santé, au style de vie et à l’environnement ont été identifiés. Certains de ces facteurs de risque sont partagés avec d’autres maladies chroniques. Il s’agit aujourd’hui de mieux comprendre la spécificité de ces facteurs de risque et de ces facteurs protecteurs, les effets dose-réponse des interventions de prévention, les facteurs prédictifs d’une santé cérébrale optimale, la prescription optimale de médicaments dans les maladies chroniques. Au-delà des facteurs de risque individuels, il faut se pencher davantage sur les déterminants collectifs, sociaux et environnementaux, de la réduction du risque de maladie d’Alzheimer. Pour Kaarin Anstey, professeur de psychologie et directrice de l’institut de prospective de l’université de Nouvelle-Galles-du-Sud (Australie), les leviers les plus difficiles à activer se trouvent en dehors du système de santé : ils concernent des inégalités sociales systémiques. Philippe Amouyel, professeur d’épidémiologie et santé publique au CHU de Lille, directeur général de la Fondation Alzheimer et président de l’initiative européenne de programmation conjointe pour la recherche sur les maladies neurodégénératives (JPND), rappelle que la prévention de la maladie d’Alzheimer est une approche utile, qui mérite d’être commencée à tout âge (le plus tôt est le mieux), et qui doit être poursuivie tout au long de la vie. Mais développer des programmes d’intervention à grande échelle pour retarder l’âge de survenue de la maladie nécessite de répondre à 5 questions fondamentales : l’intervention améliorera-t-elle la santé, directement ou indirectement ? réduira-t-elle la dépense de santé ? réduira-t-elle les inégalités de santé ? aura-t-elle un rapport coût-efficacité favorable ? quand les résultats de l’intervention seront-ils observables ? Pour Philippe Amouyel, « stimuler notre cerveau, le protéger des traumatismes et des toxines, préserver notre santé physique et métabolique, garder notre réseau relationnel aussi longtemps que possible, tout en restant positifs et optimistes, nous aidera à accroître notre réserve cognitive et résister au déclin cognitif. Cela retardera aussi longtemps que possible les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer et nous permettra de vivre mieux plus longtemps. »
World Dementia Council. Global dialogue on prevention: Reflections. The dementia landscape project. Essays from international leaders in dementia. Juillet 2021. 23 p. https://worlddementiacouncil.org/sites/default/files/2021-07/DLP%20-%20Essays%20-%20Prevention.pdf (texte intégral). Wallace L et al. The Legacy of the 2013 G8 Dementia Summit: Successes, Challenges, and Potential Ways Forward. Lancet Healthy Longevity 2021; 2(8):e455‑457. 1er août 2021. https://doi.org/10.1016/S2666-7568(21)00145-8.