Prévenir la maladie d’Alzheimer : le futur de l’EHPAD
Prévention
« Grâce aux plans successifs, la filière Alzheimer a développé une palette de dispositifs pour prendre en charge les personnes âgées aux différents stades de la maladie, à domicile comme en établissement », rappelle le Pr Bruno Vellas, coordonnateur du Gérontopôle de Toulouse. « Désormais, les structures innovantes à mettre en place doivent se centrer sur la prévention ». Il précise : « les EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) qui ont pour eux la grande force d’être répartis sur tous les territoires et d’avoir des professionnels formés à la prise en charge des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, doivent s’intéresser à la prévention et peut-être demain ouvrir des centres de prévention. Les personnes âgées de la commune pourraient s’y rendre pour une évaluation et un repérage des formes précoces de la maladie, pour bénéficier d’actions de prévention du déclin cognitif et de la maladie d’Alzheimer. Le but est aujourd’hui de ne plus se limiter à voir les fonctions qu’il faut compenser, mais voir aussi à maintenir les fonctions existantes chez la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. Cela va changer totalement la prise en charge. La prévention de la maladie d’Alzheimer sera le futur des EHPAD. » Pour le Pr Mathieu Ceccaldi, chef de service de neurologie à l’hôpital La Timone de Marseille, « il faut agir sur ce qui n’est pas advenu. On évolue vers un changement de culture sanitaire. » Pour le Pr Pierre Krolak-Salmon, neurologue et gériatre, « changer le concept de l’EHPAD et le tourner vers la prévention paraît très judicieux pour injecter sur l’ensemble du territoire cette notion de prévention. » À condition de faire évoluer le mode de financement des soins pour consacrer des enveloppes spécifiques aux actions de prévention. « Aujourd’hui, si un EHPAD a des résidents classés en groupes iso-ressources (GIR) 1 et 2 (personnes les plus dépendantes), il a droit à des financements. Mais si cet établissement permet à une personne classée en GIR3 [personnes qui ont conservé partiellement leurs capacités motrices, mais ont besoin d’être assistées pour se nourrir, se coucher, se laver, aller aux toilettes] de passer en GIR4 (personne dépendante pour la toilette et l’habillage ; personnes n’ayant pas de problèmes locomoteurs, mais devant être aidées pour les activités corporelles et pour les repas), il n’y a aucune valorisation », rappelle Bruno Vellas.
Géroscopie pour les décideurs en gérontologie, janvier 2016. Société française de gériatrie et gérontologie – France Alzheimer et maladies apparentées – Fédération des centres mémoire de ressources et de recherche. Unités de soins, d’évaluation et de prise en charge Alzheimer. L’Année gérontologique 2015 ; 29(IV). 16 décembre 2015. https://asp.zone-secure.net/v2/index.jsp?id=4463/5806/61339&lng=fr, www.uspalz.com (texte intégral).