Prévenir la démence ou promouvoir la santé du cerveau ?

Le slogan de la conférence annuelle d’Alzheimer Ecosse 2019 était : « prévenir maintenant ; prendre soin aujourd’hui ; traiter demain ». Craig Ritchie, directeur du centre de prévention de la démence et professeur de psychiatrie du vieillissement à l’Université d’Édimbourg (Ecosse), estime que ces deux concepts de « prévention de la démence » et de « promotion de la santé du cerveau » sont très différents : la prévention de la démence se réfère à une maladie (aspect déficitaire) alors que promotion de la santé a un aspect valorisant et ne concerne pas forcément la maladie. Il s’inquiète aussi de ce que la démence soit un ensemble de signes non spécifiques, qui a peut-être cessé d’être une entité clinique pour être remplacé bientôt par des concepts diagnostiques plus précis tels que « maladie neurodégénérative du cerveau ». On sait maintenant que ces maladies prennent leur origine au milieu de la vie. Puis vient une très longue période silencieuse de développement qui affecte de nombreux processus cérébraux qui vont un jour endommager les neurones et les synapses. Le cerveau n’est plus en bonne santé et ne fonctionne plus correctement, ce qui crée les symptômes que nous appelons « démence ». « Cependant, pendant trop longtemps, nous avons vu ce processus long de 40 ans par le petit bout de la lorgnette de la démence, nous nous sommes lamentablement réfugiés dans la modification du risque (trop tard), de la modification de la maladie par des médicaments (trop tard), et de la compréhension du processus de la maladie (trop technique et trop complexe). La maladie d’Alzheimer est une maladie du milieu de la vie, qui s’exprime dans la fin de la vie en tant que “démence”. Imaginez que nous cherchions à comprendre le développement de l’embryon et du fœtus uniquement dans les deux derniers mois avant la naissance. Cela n’a pas de sens. Nos connaissances changent, notre capacité à comprendre le cerveau progresse, toute notre perception de la “démence” et de la santé du cerveau doit changer. » A une conférence que Craig Ritchie présidait au dernier congrès d’Alzheimer Europe, un chercheur a utilisé de façon interchangeable les expressions de « prévention de la démence » et de « santé du cerveau » dans la même diapositive. Le Pr Ritchie a interrompu le conférencier et a demandé aux 120 personnes de l’auditoire de choisir l’un ou l’autre terme. Seuls 2 ont voté pour la « prévention de la démence. »

https://events.alzscot.org/dementia-prevention-and-maintaining-brain-health, 6 mars 2019.