Pourquoi l’habitat inclusif peine à décoller en France
Droit des personnes malades
Initiatives
Ce mode alternatif de résidence se situe entre le domicile et la maison de retraite et fournit à des personnes isolées, dépendantes ou non, un moyen de vivre dans un « chez soi » collectif, explique Alexandre Faure, fondateur de Sweet Home, média d’information consacré à la promotion de solutions visant à lutter contre la perte d’autonomie. L’habitat inclusif présente trois avantages : financier (moins coûteux que l’EHPAD, ce lieu de vie sur mesure utilise peu d’espaces partagés et de personnel hôtelier) ; en termes de vie sociale (c’est un collectif de résidents) ; en termes de mutualisation des professionnels. Cependant, avec 300 à 400 habitats inclusifs, dont 40 % pour les personnes âgées, cette formule peine à décoller en France. Alexandre Faure voit trois freins : la culture nationale, la difficulté de mise en œuvre et le manque de communication. Selon lui, l’habitat inclusif s’inspire du cohabitat, mode d’habitat partagé inventé il y a 50 ans en Scandinavie. Au Danemark, 10 % de la population vit aujourd’hui en cohabitat. Ce mode de vie en petites communautés intergénérationnelles est une relecture de l’habitat rural qui fut la norme en Europe jusqu’à la révolution industrielle. Ce mode de vie implique le partage des tâches et des loisirs, des logements de petite taille, et un espace majoritairement collectif. Les personnes âgées françaises n’ont pas nécessairement envie de souscrire à ce mode de vie. Quant à la mise en œuvre, les ministères concernés (Transition écologique et solidaire, Cohésion des territoires, Solidarités et Santé) et la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) ont publié un guide de 69 pages pour aider les porteurs de projet à lever les obstacles administratifs. Mais la mise en œuvre est difficile : le projet se co-construit avec les résidents ; la charge de l’animation des réunions de suivi du projet est un poste à part entière dans les projets d’habitat inclusif : il faut un animateur aguerri pour sortir des conflits tels que l’admission des animaux de compagnie, la présence d’une kitchenette ou l’ouverture de la résidence à des habitants « non vieux ». Un projet de construction d’habitat inclusif prend plusieurs années, et il est difficile de conserver le groupe de départ jusqu’à la fin du projet. Enfin, la communication sur les habitats inclusifs, surtout développée par des bailleurs sociaux et des collectifs privés, est quasi inexistante.
Le Mensuel des maisons de retraite, novembre 2018. Ministère de la Transition écologique et solidaire, ministère de la Cohésion des territoires, ministère des Solidarités et de la Santé, Secrétariat d’État chargé des Personnes handicapées, Direction générale de la cohésion sociale, Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie. Guide de l’habitat inclusif pour les personnes handicapées et les personnes âgées. Novembre 2017. www.cnsa.fr/documentation/guide-de_l-habitat-inclusif-pour-les-personnes-handicapees-et-les-person.pdf (texte intégral).