Pourquoi le sujet âgé crie-t-il ?
Interventions non médicamenteuses
« Les cris d’un patient âgé, a fortiori déficitaire, sont un défi quotidien pour les équipes soignantes et posent souvent de grandes difficultés diagnostiques », écrivent le Professeur Jean-Marie Gomas et ses collègues, de l’unité douleur chronique et soins palliatifs de l’hôpital Sainte-Périne (Assistance publique-Hôpitaux de Paris). « La douleur en gériatrie exige des processus d’évaluation complexes, et le retard important de notre système de soins est bien réel en matière de traitement symptomatique des troubles psycho-comportementaux perturbant la vie quotidienne. Ceci explique pourquoi tant de patients
âgés sont sous-évalués et sous traités, notamment pour leurs cris et leur agressivité. On entend encore régulièrement des médecins et de soignants qui disent : “il crie, c’est normal, il est dément”. Même si ce fait est souvent vrai, cette attitude simpliste “automatique” n’est plus admissible sur le plan clinique, thérapeutique comme sur le plan éthique. » À partir des données de la littérature et de l’expérience de plus de six mille avis d’une équipe mobile de gériatrie, les auteurs ont élaboré une fiche d’analyse des cris chez le sujet âgé (DÉCLIC : décryptage clinique des cris). Les cris et l’agressivité ont trois causes majeures : « il a mal, il est mal, il est dément ». « Cette fiche n’est pas une échelle, un score, ni un calcul », prévient l’équipe de Jean-Marie Gomas. « C’est un outil pédagogique pour faire réfléchir ensemble les équipes médico- soignantes au chevet d’un patient âgé qui crie. Cette décision « médico-soignante » d’analyse d’un cri chez un sujet âgé restera cependant toujours clinique, unique, centrée patient, jamais exempte d’incertitude, et surtout directement reliée aux compétences relationnelles et à l’implication psychologique des professionnels au lit du malade. » 1/Il a mal : le cri est un signal d’alarme ; il est à faire disparaître, avec la douleur. Il faut donc « instituer ou réévaluer le traitement antalgique avec l’aide d’une échelle d’évaluation de la douleur chronique adaptée aux dyscommunicants, revoir l’organisation des soins, mettre en place une prémédication des douleurs induites ». 2/Il est mal : le cri n’est pas uniquement « négatif » ou « inutile » mais il faut l’atténuer. Il faut donc « réévaluer l’approche globale, le sens des soins, l’utilité des psychotropes ». 3/ Il est déficitaire cognitif : le cri n’est pas uniquement « négatif » ou « inutile », mais il faut l’atténuer. Il faut donc réévaluer l’approche globale, le traitement étiologique [des causes], discuter les psychotropes, dont les neuroleptiques. »
Gomas JM et al. Pourquoi le sujet âgé crie-t-il ? Aide au décryptage avec la fiche DÉCLIC. Unité douleur chronique soins palliatifs. Hôpital Sainte PERINE. AP-HP. Octobre 2013.