Poupées d’empathie : la démarche médicale

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
02 juin 2020

Le marketing appelle « bébé reborn » une poupée tellement réaliste qu’elle ressemble à un vrai bébé. « Miraculeuse pour ses partisans, mais déontologiquement incorrecte voire irrévérencieuse pour ses détracteurs » : la “poupée d’empathie”, nouvel outil utilisé pour apaiser les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, fait l’objet de débats au sein de la sphère médicale », écrit Anaïs Moran, de Libération, qui s’est rendue dans l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Potigny (Calvados), où 48 personnes vivent en unité spécifique Alzheimer. Catherine Ollivet, fondatrice de l’association France Alzheimer Seine-Saint-Denis et présidente de l’Espace de réflexion éthique de la région Ile-de-France, explique la démarche médicale : il s’agit avant tout de mettre en application la notion de « prendre soin ». La réponse médicale ne peut se réduire à garantir les besoins primaires (manger, se laver, s’habiller) et accomplir des soins techniques (donner les médicaments, traiter des escarres ou installer une perfusion d’hydratation). Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ont elles aussi des besoins relationnels, affectifs, et ce besoin d’exister dans le regard de l’autre, des proches aidants et des professionnels du soin. Des objets, comme un baigneur ou un robot-phoque, peuvent ainsi être des médiateurs de l’expression des sentiments des personnes malades, même si la maladie ne leur permet plus d’avoir un langage compréhensible. Comment expliquer que les personnes malades ne se rendent pas compte du caractère artificiel de ces bébés ? demande la journaliste. Catherine Ollivet explique que ces personnes ne souffrent pas seulement des troubles de la mémoire. À un stade évolué de la maladie, c’est l’ensemble des fonctions cognitives qui sont touchées et donc l’ensemble des processus intellectuels permettant habituellement de parvenir à une réponse adaptée, qui finit par dysfonctionner. Ces personnes souffrent donc aussi d’un trouble de la reconnaissance, de la parole, de la gestuelle… Elles sont désorientées dans la globalité de leurs raisonnements.

www.liberation.fr/france/2018/02/25/catherine-ollivet-il-y-a-une-difference-entre-la-verite-qui-est-la-notre-et-celle-des-malades_1632269, 25 février 2018. https://actu.fr/normandie/colombelles_14167/dans-ehpad-pres-caen-on-utilise-bebe-reborn-donner-bien-etre-malades-dalzheimer_15838132.html, 8 mars 2018.