Porter une prothèse auditive atténue l’accélération du déclin cognitif

Prévention

Date de rédaction :
22 octobre 2015

L’équipe de Jean-François Dartigues, un service d’épidémiologie et biostatistiques de l’Université de Bordeaux (INSERM U897), a suivi de façon prospective 3 670 personnes âgées de soixante-cinq ans et plus pendant vingt-cinq ans (cohorte PAQUID). À l’inclusion, 4% déclaraient avoir une perte auditive majeure, 31% une perte auditive modérée (difficulté à suivre une conversation lorsque plusieurs personnes parlent en même temps ou lorsqu’il y a beaucoup de bruit ambiant) et 65% aucun trouble auditif. La presbyacousie déclarée majore significativement le déclin cognitif. Ce n’est pas le cas, en revanche, chez les porteurs de prothèses auditives dont le déclin ne diffère pas du groupe de personnes qui ne se plaignent pas de perte d’audition. « Déclin cognitif signifie que la personne présente une altération de sa mémoire, de ses capacités d’attention ou d’utilisation à bon escient de certains éléments de langage » ; « ces résultats sont en faveur de la prise en charge et du dépistage de la perte de l’audition », a déclaré à l’Agence France Presse le Pr Hélène Amieva, coordinatrice de l’étude. Pour la chercheuse, il n’y a peut-être pas de lien de cause à effet entre la baisse de l’audition et ce déclin cognitif. « Mais on peut penser qu’une personne âgée, qui entend moins bien, va peu à peu restreindre sa vie sociale. Elle va moins communiquer avec les autres, moins sortir ou restreindre ses activités de loisir. Et c’est sans doute cet isolement social progressif qui joue un rôle dans ce déclin ». Le Pr Philippe Amouyel, directeur de la Fondation Plan Alzheimer, avance une autre explication possible : « on sait que les troubles de l’audition vont provoquer une réorganisation du cerveau. Il y a alors une perte de la capacité à comprendre et même la perte de certains mots. Ne plus entendre des bruits habituels de la vie quotidienne peut entraîner une moindre stimulation de la plasticité neuronale du sujet et faire baisser ses réserves cognitives globales. Mais être sourd, cela ne rend pas dément. » Hélène Amieva précise bien : « notre étude ne fait pas de lien entre la perte d’audition et la maladie d’Alzheimer [les chercheurs observent une association statistique entre la perte de l’audition et l’accélération du déclin cognitif, mais cette association ne signifie pas nécessairement qu’il existe un lien de cause à effet].

Amieva H et al. Self-Reported Hearing Loss, Hearing Aids, and Cognitive Decline in Elderly Adults: A 25-Year Study. J Am Geriatr Soc 2015 ; 63(10) : 2099-104. Octobre 2015. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26480972. AFP, www.leparisien.fr, 29 octobre 2015.www.la-croix.com/Actualite/France/Les-troubles-de-l-audition-menacent-de-declin-cognitif-les-seniors-2015-10-29-1374203, 29 octobre 2015.