« Plus de soutien, moins de médicaments »
Édito
La journée mondiale Alzheimer, le 21 septembre, fut l’occasion pour la société Alzheimer Europe de frapper un grand coup. Elle a en effet publié un rapport pan-européen sur les aidants, intitulé « Who cares ? The state of dementia care in Europe » (www.alzheimer-europe.org). Cet ouvrage, résumé sur le site de la société Alzheimer Europe mais disponible dans sa version intégrale, revient de façon étayée sur la détresse des aidants, exemples à l’appui. Il souligne de surcroît les disparités qui existent d’un pays à l’autre dans le soutien apporté à ces proches de personne malade. Aux Pays-Bas, des initiatives enrichissantes pour tout le monde témoignent par exemple de l’attention portée aux personnes malades et à leurs aidants. Comme celle des « buddies », ces bénévoles au long cours, qui, formés par des professionnels de la Fondation Alzheimer, vont passer un moment privilégié, chaque semaine, avec une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer (www.bndestem.nl). En Allemagne, une approche originale et audacieuse est tentée, qui devrait générer du « lien social » entre les personnes malades et des seniors en meilleure santé (www.abendblatt.de). Dans une résidence qui sera prochainement édifiée, les personnes âgées, seules ou en couple, bénéficieront d’appartements individuels. Des soins de jour sont prévus, mais les habitants auront pour mission de s’entraider dans de menues tâches. Une solution qui préserve la dignité et la solidarité, celle-ci ayant souvent déserté nos sociétés modernes. Le Japon s’aperçoit avec inquiétude que malgré les traditions familiales, les personnes âgées et leurs aidants souffrent très fréquemment de dépression, voire attentent à leurs jours (www.nimemsn.au). La tradition familiale qui rend la prise en charge d’un aîné obligatoire est à double tranchant, car les familles ne reçoivent pas d’aide.
Les médicaments présentent-ils un espoir de soulagement face à la lourdeur de la tâche, à la difficulté d’être des malades ? Pas vraiment, semblent dire les experts ici et là. La Grande-Bretagne, imitée par le Canada, refuse ainsi de modifier ses directives restrictives sur l’usage de trois médicaments censés ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer (www.canada.com, www.news.vote.bbc.co.uk). Les Etats-Unis n’ont toutefois pas la même approche, puisqu’ils continuent à en autoriser l’usage à tous les stades de la maladie (http://msnbc.msn.com). Les insuffisances de la pharmacopée conduisent les professionnels à explorer nombre de voies pour aider les personnes malades à stimuler leurs fonctions cognitives et maintenir à flot la communication. Jeux vidéo en Espagne, musique aux Pays-Bas : les thérapeutiques alternatives ont le mérite d’apporter un peu d’espoir de freiner le développement de la maladie. En attendant mieux.
Par Sabine Grandadam