Perte d’objets : quelle réhabilitation psychomotrice ?
Interventions non médicamenteuses
Les psychomotriciens C. Fortin, de l’équipe spécialisée Alzheimer de l’Alliance Sages Adages à Toulouse, et E. Martin, de l’Institut de formation en psychomotricité de l’Université Toulouse III-Paul Sabatier, rappellent que « la perte des objets est communément rapportée parmi les premiers signes de la maladie d’Alzheimer et est observée chez trois quarts des personnes présentant une démence légère à modérée. Elle est une source de troubles du comportement et de plainte de l’entourage, ce qui en fait souvent un objectif de réhabilitation dans le cadre des suivis en équipe spécialisée Alzheimer (ESA). Quatre personnes vivant à domicile, âgées en moyenne de quatre-vingt-quatre ans, ayant eu un diagnostic de maladie d’Alzheimer au centre mémoire de Toulouse (score cognitif moyen MMSE 20 ± 4), avaient comme plainte principale la perte des objets. L’évaluation de cette perte a été réalisée à l’aide du questionnaire RIDDLE (l’un à l’intention de la personne malade, un second à l’intention de l’aidant principal afin de cibler les objets le plus fréquemment perdus). Un suivi individualisé et adapté à chaque patient a été proposé, comprenant des conseils aux aidants, l’utilisation d’indices visuels, un travail sur la localisation de l’objet, et l’utilisation de porte-clés sonores. Les objets ciblés ont été les clés, le porte-monnaie, le sac à main, le téléphone portable, les lunettes. Après la mise en place de stratégies compensatoires, six objets sur huit ont été localisés de manière autonome. Lorsque ces stratégies d’apprentissage n’ont pas été efficaces ou que le patient s’est montré opposant, les psychomotriciens ont proposé l’utilisation d’un localisateur sonore, sans résultats probants (portée limitée, retrait par la personne malade, difficulté d’utilisation, taille trop grosse par rapport à l’objet ciblé). Pour les auteurs, ces résultats montrent que « l’apprentissage de stratégies palliatives ne fonctionne que dans le cadre d’une altération cognitive légère à modérée, en l’absence d’anosognosie ou de troubles du comportement trop perturbateurs. La coopération et l’implication de l’aidant semblent également primordiales pour automatiser les stratégies proposées. En cas d’échec de la prise en charge comportementale, l’outil technologique simple de localisation (porte-clés sonore) semble inefficace. À ce jour, aucune aide technologique ne semble permettre de pallier efficacement la perte des objets usuels », concluent les auteurs.
Fortin C et Martin E. La perte d’objets chez des patients Alzheimer, quelle réhabilitation ? Études de cas. Les entretiens de Bichat 2015. www.psychomot.ups-tlse.fr/Fortin2015.pdf(texte intégral).