Perte d’autonomie : quel outil de mesure pour un financement par parcours ?

Droit des personnes malades

Politiques

Date de rédaction :
31 juillet 2020

Pour le Pr Dominique Somme, chef de service de gériatrie au CHU de Rennes, le débat sur la perte d’indépendance fonctionnelle est trop souvent abordé par ses aspects techniques ou administratifs, en omettant ses dimensions économiques, éthiques et politiques. Il estime urgent de modifier en profondeur les règles de distribution des fonds. Il appelle à abandonner les outils actuellement utilisés qui, selon lui, ne répondent pas aux enjeux d’un financement par parcours. Il estime obsolète la mesure de l’indépendance fonctionnelle par la grille AGGIR (Autonomie gérontologie groupes iso-ressources), qui n’est pas suffisamment fiable, insuffisamment reproductible et produit des groupes très hétérogènes en termes de besoins et de trajectoires. Quant à l’outil PATHOS – qui évalue la charge en soins globale de la population d’un EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) un jour donné – sans se préoccuper de l’évolution des pathologies au fil du temps, il n’a pas été conçu pour le suivi individuel. Ces deux outils n’ont qu’une finalité budgétaire. Les praticiens vont mesurer le degré d’indépendance fonctionnelle une deuxième fois avec d’autres outils, très divers. Pour le Pr Somme, il est impossible de mener une politique de prévention de la perte d’indépendance fonctionnelle tant qu’on n’aura aucun moyen unifié d’en mesurer l’efficacité, voire l’efficience [prise en compte conjointe du coût et de l’efficacité]. « Tant que ces outils seront ceux du financement, il ne sera pas possible de déterminer la pertinence de la décision d’aide, d’aide aux aidants, de support, de répit, de coordination, ni des décisions d’admission en établissement d’hébergement ou en unité spécialisée. Il appelle à inscrire dans les pratiques un outil d’évaluation évolutif, multidimensionnel, partagé entre la ville et l’hôpital, le système médical, médico-social et social sans barrière d’âge, qui permettrait de définir à la fois le plan d’intervention et les budgets alloués. Cela prendrait plusieurs années.

Somme D. Financement de la perte d’indépendance : l’urgence à changer d’outil. Gérontologie et société 2019 ; 158(41) : 175-180. www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe-2019-1-page-175.htm (texte intégral).