Musique et méditation : quels effets ?

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
11 février 2017

Une étude contrôlée et randomisée, menée par Kim Innes, de l’École de santé publique de l’Université de Virginie-Occidentale à Morgantown (Etats-Unis), auprès de soixante personnes déclarant un déclin cognitif subjectif, compare l’efficacité de la méditation kirtan kriya (technique de yoga utilisant des sons chantés répétés, à différentes intensités, des exercices de concentration et de respiration, une gestuelle des doigts) et de l’écoute musicale, dans un programme de douze minutes par jour durant trois mois, puis à la discrétion des participants pendant trois mois supplémentaires. 88% des personnes incluses ont participé au premier programme et 71% au suivi optionnel de trois mois. Les deux groupes montrent une amélioration à trois mois de la mémoire subjective et de la performance cognitive objective. Cette amélioration est maintenue à six mois.

Quelles peuvent être les bases neurologiques de cette amélioration ? Une étude pilote menée par Maria Thecla Pecci et ses collègues, des départements de gériatrie, psychologie clinique et physiologie de l’Université Sapienza de Rome (Italie), ont fait écouter une musique de Mozart (sonate pour deux claviers en ré majeur, K448) puis une semaine plus tard une musique de Beethoven (Bagatelle n°25 en la mineur – Für Elise) à dix personnes atteintes de déficit cognitif léger et dix personnes sans troubles cognitifs. Des échantillons sanguins ont été prélevés avant et après l’écoute musicale, et des tests neuropsychologiques ont été réalisés. Les chercheurs observent une diminution du niveau de cortisol sanguin (un marqueur du stress) dans les deux groupes après l’écoute musicale, ainsi qu’une augmentation de la concentration de facteur neurotrophique dérivé du sang (BDNF, impliqué dans la plasticité neuronale) chez les personnes atteintes de déficit cognitif léger après l’écoute de la musique de Mozart. Cet « effet Mozart », décrit depuis 1993 par Frances Rauscher et ses collègues, du centre de neurobiologie de l’apprentissage et de la mémoire à l’Université de Californie à Irvine (Etats-Unis), est associé à une amélioration de la capacité des personnes à plier et à découper une feuille de papier, un test utilisé pour mesurer les capacités spatio-temporelles. La structure complexe de la sonate en terme de tempo, de mélodie, d’organisation et de prédictibilité est capable d’amorcer une activation de réseaux neuronaux du cortex cérébral similaires à ceux impliqués dans le raisonnement de repérage spatial. Des travaux récents menés par Yingshou Xing, de l’Université de science et technologie électroniques de Chine à Chengdu, qui a eu l’idée de passer la musique à l’envers, montrent que le rythme de la musique est un élément fondamental pour produire des effets comportementaux.

www.sciencedaily.com/releases/2017/01/170121190807.htm, https://alzheimersnewstoday.com/2017/01/25/meditation-and-music-may-help-reverse-early-memory-loss-in-adults-at-risk-for-alzheimers/, 21 janvier 2017. http://francais.medscape.com/voirarticle/3603056_2, 28 février 2017. Innes KE et al. Meditation and Music Improve Memory and Cognitive Function in Adults with Subjective Cognitive Decline: A Pilot Randomized Controlled Trial. J Alz Dis 2017; 56(3): 899-916. Janvier 2017. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28106552. http://alzheimersprevention.org/research/12-minute-memory-exercise/. http://increasingintelligence.blogspot.fr/2017/01/the-mozart-effect-rediscovered.html, 2 janvier 2017.Rauscher FH et al. Music and spatial task performance. Nature 1993; 365: 611. www.uwosh.edu/psychology/faculty-and-staff/frances-rauscher-ph.d/Rauscher_ShawKy_1993.pdf (texte intégral). Xing Y et al. Mozart, Mozart Rhythm and Retrograde Mozart Effects: Evidences from Behaviours and Neurobiology Bases. Scientific Reports 2016.  6, 18744. www.nature.com/articles/srep18744.pdf.