Musicothérapie : le son pour entrer en relation

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
01 octobre 2017

Au Royaume-Uni, Dame Evelyn Glennie, percussionniste virtuose, utilise ses capacités d’écoute pour entrer en relation avec des personnes atteintes de troubles cognitifs au stade sévère vivant en établissement. Elle participe à un projet intitulé « L’amour écoute » (Love is Listening), mené par la Fondationaméricaine Memory Bridge. De nombreux sons ne sont plus remarqués par les professionnels : des portes qui claquent, des ascenseurs qui montent et qui descendent, des chariots qui brinquebalent, des télévisions qui hurlent, des téléphones qui sonnent, des tests d’alarme incendie et des personnes qui haussent la voix pour se parler d’un bout à l’autre d’une pièce ou d’un couloir. Ces sons, considérés comme habituels, peuvent grandement perturber le sens de la paix et du bien-être des résidents, d’autant plus que ceux-ci ne peuvent pas les contrôler.  Ces bruits parasites, Dame Evelyn ne les entend pas : elle est sourde depuis l’âge de douze ans ; elle entend les sons avec d’autres parties de son corps que les oreilles. Pour elle, cette expérience avec les personnes malades l’a « aidé à mieux écouter » : l’usage des percussions devient secondaire au développement de la relation. Ainsi, elle place un tambour et un maillet devant Norma, une résidente qui parle tranquillement, mais de façon inintelligible et qui semble absorbée dans son propre monde. Norma commence à frotter la peau tendue avec sa main. Dame Evelyne fait le même geste en miroir. Le tambour émet un son très intéressant. Norma commence à battre des pieds sur le sol pour dupliquer le son. Elle rit. Dame Evelyn rit avec elle, puis lui montre comment frapper le tambour avec le maillet. Mais Norma est davantage intriguée par le maillet lui-même. Elle tape de façon répétée sur le manche avec un ongle, tout en tenant dans sa main la tête en feutre. Dame Evelyn reconnaît que Norma a inventé un nouvel instrument à percussion. La séance de musique expérimentale continue dans la même veine pendant dix minutes, pendant lesquelles Norma apparaît totalement relaxée et absorbée.

Scott H. Love is listening. J Dementia Care 2017; 25(5):14-15.