Moisson de septembre

Édito

Date de rédaction :
01 septembre 2007

Depuis des années, le 21 septembre est traditionnellement dédié à la maladie d’Alzheimer. Mais, cette fois-ci, il semble bien que la journée symbolique ait phagocyté le mois tout entier : pas un seul jour, ou presque, sans une nouvelle déclaration, une nouvelle information, une nouvelle initiative.
A peine la Commission sur le plan Alzheimer, présidée par le professeur Ménard, a-t-elle fait connaître sa composition (www.premier-ministre.gouv.fr), que déjà, au delà de l’approbation générale, de premières nuances se font entendre : « ce sera un grand plan uniquement s’il dépasse les seuls aspects médicaux et de recherche » (Protection sociale informations, 19 septembre).
La recherche, « la grande oubliée des plans précédents », voilà en effet l’une des préoccupations majeures du président de la République : il faut, selon lui, créer une « structure nationale de recherche (�) qui aurait pour objectif d’attirer les meilleures équipes au plan international » (www.elysee.fr, www.lesechos.fr, 21 septembre ; www.lemonde.fr, www.liberation.fr, L’Est Républicain, 22 septembre). Et cela ne peut, bien sûr, que satisfaire les chercheurs, comme le professeur Dubois ou le professeur Touchon, qui soulignent, depuis des années, la nécessité d’un diagnostic précoce (www.lemonde.fr, 3 septembre ; Mensuel des maisons de retraite ; Cahiers de la Fondation Médéric Alzheimer n°3, septembre 2007).
Mais Nicolas Sarkozy a aussi entendu la voix de ceux, très nombreux, qui mettent l’accent sur les insuffisances ou les dysfonctionnements actuels de la prise en charge et de l’accompagnement des malades (et de leurs aidants). Il préconise donc « un continuum de prise en charge entre le domicile et le « tout établissement » qui permette aux aidants de trouver les moments de répit absolument nécessaires : hébergement temporaire, accueils de jour, autres dispositifs à imaginer, ainsi que les transports pour y accéder » (www.elysee.fr, www.france-info.fr, 21septembre; L’Est Républicain, 22 septembre). Il se prononce pour « une porte d’entrée unique » dans le système de prise en charge, pour un « forfait Alzheimer » à l’usage du médecin traitant (www.lefigaro.fr, 22 septembre), mais aussi pour une « carte d’information » qui serait remise au malade et qui « permettrait aux membres de la famille, aux personnels de l’hôpital ou de la maison de retraite d’avoir un accès immédiat à l’information nécessaire face à une situation de crise » (www.lesechos.fr, 21 septembre; www.liberation.fr, 22 septembre).
Comment financer ce nouveau plan ? Le « grand débat sur le financement de la santé », souhaité par Nicolas Sarkozy, commence, semble-t-il, à s’instaurer avant même que les intentions du chef de l’Etat se soient définitivement exprimées. L’engagement financier total du plan sur cinq ans ne sera précisé qu’à la fin de l’année (www.elysee.fr, fr.today.reuters.com, www.lesechos.fr, 21 septembre). Mais on sait déjà que des franchises vont être mises en place à partir du 1er janvier et qu’elle ne devraient pas être remboursables par les mutuelles ou les assurances « responsables », quitte à aider les plus modestes à acquérir une couverture complémentaire. (La Tribune, 20 septembre ; Les Echos, 25 et 26 septembre). « Les personnes aux revenus les plus limités n’y réfléchiront-elles pas désormais à deux fois avant d’aller voir un médecin ? » demandent certains, tandis que d’autres rappellent que « plus le système est solidaire, plus les gens doivent être responsables » (Actualités sociales hebdomadaires magazine, juillet-août 2007).
Ce qui fait naître le plus de divergences entre les différents acteurs, c’est l’idée, lancée par le Président, d’un système mixte, alliant un mécanisme public, qui prendrait « en compte de manière juste les capacités contributives des personnes ainsi que leur patrimoine », et le recours à l’assurance individuelle, sous forme de « produits d’épargne longue, fiscalement avantagés » (www.elysee.fr, 18 septembre). Rappelons néanmoins que, jusqu’à présent, les assurés eux-mêmes ne se précipitent pas sur les contrats d’assurance dépendance individuelle (www.mediassur.com, 17 septembre).
Les semaines qui viennent s’annoncent riches en informations nouvelles pour les personnes malades et leurs aidants, mais également pour les assurés et les contribuables. La commission Ménard doit rendre ses premières conclusions dès le 1er novembre et la discussion parlementaire sur le plan de financement de la Sécurité sociale pour 2008 nous réservera, sans aucun doute, de passionnants débats.

Jacques Frémontier
Journaliste bénévole