Michel Brasey

Marcel Brasey, soixante-trois ans, ancien responsable marketing dans l’industrie pharmaceutique, est malade depuis neuf ans. Pendant un an, il a tenté de faire illusion. Le diagnostic de la maladie a presque été une délivrance. Ne rien laisser paraître, ou presque. Ne pas donner de soi une image dégradée. « Mes pensées s’envolent comme des bouts de papier. Toute la journée, je leur cours après. De temps en temps, je récupère une et je suis content ». « J’ai des moments de grande lucidité, où je suis parfaitement bien, et des moments où les fenêtres sont fermées. Tout est embrouillé, flou. Mon cerveau est chaotique. Je ne peux plus réfléchir. La tâche que j’ai commencée, je ne peux plus la finir. Je suis conscient de ne plus pouvoir avancer. Il n’y a plus rien. Je sens un vide. Je suis comme détaché du monde. C’est comme si on mourait un peu pendant que la vie continue. Moi, je sais que ça passe. Même si, évidemment, la remise en route n’est pas immédiate. ». En 2002, avec de jeunes universitaires, il a créé un site internet pour les malades qui, comme lui, peuvent encore s’exprimer. Il y écrit régulièrement des textes d’une dizaine de paragraphes, sur lesquels il travaille durant deux mois. 
Site de Marcel Brasey : http://survivre-alzheimer.com/. Le Monde 2 , 20 octobre 2007.