Médicaments spécifiques Alzheimer : sont-ils suffisamment efficaces pour être remboursés ?

Recherche

Date de rédaction :
12 mai 2016

En 2011, le service médical rendu (SMR) est passé d’ « important » à « mineur » pour les quatre médicaments spécifiquement indiqués dans la maladie d’Alzheimer actuellement sur le marché. Leur remboursement par l’assurance maladie est ainsi passé de 65% à 15%. La Haute Autorité de santé (HAS), qui réévalue actuellement le « service médical rendu » (SMR), de ces médicaments, pourrait cette fois-ci déclarer leur SMR « insuffisant », redoute l’association France Alzheimer et maladies apparentées. Un choix qui pourrait tout simplement provoquer leur déremboursement total (sauf pour les personnes malades diagnostiquées qui bénéficient d’un remboursement à 100% au titre de l’ALD15 [affection de longue durée n°15 –maladie d’Alzheimer et autres démences], et qui représentent moins de 50 % des personnes malades). Selon l’association, cette décision serait « risquée et injustifiée ». Le Pr Matthieu Ceccaldi, neurologue et président de la Fédération nationale des centres mémoire de ressources et de recherches (CMRR), déclare qu’ « en arrêtant ces traitements, on court le risque d’accentuer une démédicalisation, qui aura aussi un effet négatif sur la prise en charge globale ». Pour France Alzheimer, les médicaments spécifiques constituent actuellement « une réponse thérapeutique pertinente pour de nombreuses personnes malades ». « Sans aucun traitement médicamenteux spécifique, l’intérêt du diagnostic, aux yeux des familles et de certains professionnels de santé, pourrait apparaitre secondaire. Le parcours diagnostique serait alors moins balisé pour le public alors que qu’il est la clé de voûte d’une prise en soin adaptée et efficace. L’association estime que même si leur impact sur les troubles cognitifs semble limité, « les médicaments peuvent améliorer les troubles du comportement de certaines personnes malades. » Enfin, France Alzheimer rappelle que le déremboursement total aurait une incidence économique limitée sur les finances de la sécurité sociale « puisque les quatre molécules sont toutes génériques depuis 2016 ».

Aux Etats-Unis, un autre argument intrigue les scientifiques : si les médicaments étaient inefficaces, pourquoi observe-t-on un déclin cognitif et fonctionnel quand on arrête le donépézil ? s’interroge le Pr Caryn Glosch, neurologue au département de neurologie au Baylor College of Medicine (Houston, Etats-Unis). Une étude britannique récente, s’appuyant sur des données de l’essai clinique randomisé et contrôlé DOMINO-AD (donepezil and memantine in moderate to severe Alzheimer’s disease), mené auprès de trois cents personnes atteintes de maladie d’Alzheimer modérée à sévère, montre qu’un arrêt du donépézil chez des personnes traitées à domicile est associé à un doublement du risque d’entrée en établissement d’hébergement pendant la première année suivant cet arrêt (Howard et al, 2015). Sur le plan cognitif, des résultats publiés par le même groupe en 2012 faisaient état d’une détérioration de 5.8 points au test standardisé MMSE (mini-mental-state examination) en douze mois après arrêt du donépézil (Howard et al, 2012)

www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/16042-France-Alzheimer-redoute-un-deremboursement-de-medicaments, 6 juin 2016. www.doctissimo.fr, 7 juin 2016. www.lequotidiendumedecin.fr, 8 juin 2016. Alzheimer’s Disease International. Global Perspective, juin 2016. www.alz.co.uk/sites/default/files/pdfs/Global-Perspectives-June-2016.pdf. Howard R et al. Nursing home placement in the Donepezil and Memantine in Moderate to Severe Alzheimer’s Disease (DOMINO-AD) trial: secondary and post-hoc analyses. Lancet Neurol 2015 ; 14(12): 1171-1181. Décembre 2015. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26515660. Howard R et al.Donepezil and Memantine for Moderate-to-Severe Alzheimer’s Disease. N Engl J Med 2012; 366: 893-903. 8 mars 2012. www.nejm.org/doi/pdf/10.1056/NEJMoa1106668(texte intégral).