Médecine de précision : agir individuellement sur plusieurs facteurs de risque pour freiner la maladie
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Approches biomédicales
Dans leur quasi-totalité, les essais cliniques testant un médicament unique contre la maladie d’Alzheimer ont échoué. La recherche vise désormais à agir sur les multiples facteurs sous-jacents qui contribuent au risque, à la survenue de la maladie et à sa progression, à une échelle individuelle. La médecine dite « de précision », avant tout traitement, cherche à établir un profil de risque individuel grâce à l’intelligence artificielle, capable d’intégrer un très grand nombre d’informations cliniques et biologiques. Aux États-Unis, une étude pilote coordonnée par Marwan Sabbagh, du centre pour la santé du cerveau Lou Ruvo à Las Vegas (groupe Cleveland Clinic), en collaboration avec les sociétés de médecine personnalisée uMETHOD Health (Raleigh, Caroline du Nord) et AFFIRMATIVhealth (Sonoma, Californie), a utilisé un logiciel intégrant des données génétiques, de biopsie, d’imagerie cérébrale, les antécédents médicaux, les médicaments prescrits, les allergies, les co-morbidités, les styles de vie et les résultats des tests neuropsychologiques chez 40 personnes ayant exprimé une plainte cognitive subjective ou un déficit cognitif léger. Des algorithmes ont été utilisés pour définir des états physiologiques et des styles de vie ayant la probabilité la plus élevée de contribuer à la pathologie, pour définir des priorités de traitement dans un plan de soins personnalisé, qui a été transmis aux médecins traitants et à des entraîneurs (coaches) chargés d’améliorer l’adhésion aux changements de style de vie recommandés. Les participants ont observé le plan de soins pendant 8,4 mois en moyenne, ce qui correspond à 2,8 cycles de traitement. Chez 80 % des participants, les capacités cognitives sont restées stables ou se sont améliorées. Les chercheurs ont aussi suivi l’évolution de 12 biomarqueurs sanguins de la maladie d’Alzheimer et n’ont observé aucune modification significative durant la période de l’étude, sauf pour l’homocystéine (un acide aminé) : sa concentration plasmatique diminue, ce qui réduit le risque cardiovasculaire.
Keine D et al. Development, application, and results from a precision-medicine platform that personalizes multi-modal treatment plans for mild Alzheimer’s disease and at-risk individuals. Curr Aging Sci, 18 octobre 2018. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30338750.